Création de l’Ordre du Saint Sauveur de Mont Réal

Charte de confirmation émise par le Primat des Royaumes de NAVARRE et d’ARAGON

Mandement de Mgr Guillaume d’AUCH, (1122) Archevêque, primat des Royaumes de Navarre et d’Aragon, consécutif à la création de la Milice du Christ de Montréal (1118) qui deviendra, dès la Maîtrise de Gaston de Béarn, l’Ordre du Saint Sauveur de Mont Réal.

Latin


Version originale en Latin

« Letentur celi et exultet terra, jubilent montes; qui sunt justi respirent, et confidant peccatores et lapsi, ammirante opera Xpisti. Re vera, Spiritus ubi vult spirat, re vera, cor regis est in manu Dei, et quocumque voluerit, illud indulcat et convertit.

Ecce A(lfonsus), strenuus et gloriosus rex Aragonensis, quam plurimis strenue sue militie exerciciis ad libitum fere expletis, inspirante et cooperante Spirirus sancti gratia, consilio et auxilio vicecomitis Gastonis ceterorumque bonorum principum, duxit fore idoneum atque per omnia domino Deo placitum, quemadmodum ut Ierosolimis ordinare et constituere militiam Xpisti, per quam, rege duce, debellatis et superatis omnibus de citra mare Sarracenis, iter aperire ad transfretandum Ierosolimam, Xpisto previo, disposuit; et qe (sic), de Darocha usque ad Valenciam, erant invia et inculta et inabitalia (sic) heremi loca, edificavit civitatem, quam vocavit Montem Regalem, id es regis celestis habitationem, in qua militia Dei propriam haberet sedem, et euntes et redeuntes necesaria invenirent et securam pausationem.

Ad honorem autem Dei et sancte militie sustentationem, dedit rex medietatem redituum ipsius civitatis, et medietatem medietatis sue Xeborc, et de Biniol, et de Conca, et de Molina, et de Burbaca, et de portu de Caramana, de his et de omnibus infrapositis usque ad Montem Regalem; insuper, medietatem omnium quintarum de Ibero in antea per totam Ispaniam, et quintam partem omnium proprietatum et regalium reddituum; in omnibus etiam civitatibus et majoribus castris que sibi Deus donaverit, unum de melioribus alodiis, militibus Dei concessit; praeterea, uno quoque anno, in Jaca mille solidos, et totidem in Cesaraugusta, et per quinquennium, singulis annis, quingentos k(aficios) tritici et quingentos ordei.

Ad hoc et addidit rex, ut hec sancta militia ad (sic) omni genere servitutis, et nominatim a quinta sit libera et injenua (sic), quemadmodo militia confraternitatis Iherosolimitana, et ut omnes ad hanc confraternitatem convenientes, tam amici quam inimici, et ipsi et sua, in eundo, in morando, in redeundo, plenam habeant securitatem et securam tranquillitatem.

Et quia ad hoc tantum bonum omnis ordo ecclesiasticus insudare debet, complacuit episcopis quod ipsi cum omnibus clericis suis essent fratres et participes totius remunerationis, et ob hoc, semel in anno, quisque episcopus et omnes sacerdotes sui episcopatus, pro omnibus defunctis confraternitatis et omnibus benefactoribus suis, singulas missas celebrarent et Deo sacrificia offerent (sic), et in vita tam confratres quam confratrum benefactores omnium ecclesiarum suarum beneficiis essent consortes.

Sane, quicumque militum vel peditum, ad serviendum Deo, huic sancte adheserunt societati, omnibus eque victu communi comunicata et perdita restituentur et adquisitorum medietas alacriter concedetur.

Similiter, nos omnes episcopi regni domini nostri gloriosi regis Adefonsus (sic), una cum abbatibus et clero sive omni populo, pro divino opere et gratissima (sic) exortatione gracias refferimus Deo altissimo, atque ipsum suosque quicumque sunt fideles Xpisti adjuvantes, relictis peccatis et accepta penitencia, dompni pape, predecessorum quoque suorum, insuper beatorum apostolorum Petri et Pauli auctoritate, quemadmodum Iherosolimitanos, ab omnibus absolvimus peccatis.

Addimus etiam hoc quod nos omnes episcopi precipiemus, in consiliis seu festivitatibus, clericis nostris, ut omnes pariter memoriam faciant regis et principum suorum, maxime pro illis qui hac sunt sancta confraternitate, et hoc bis in anno, singulas missas celebrando.

Ego, Guillelmus, Auxiensis archiepiscopus, facio me confratrem ipsius confraternitatis, et absolutionem seu remisionem superius factam laudo et confirmo, et insuper absolvimus eos de sua penitencia, ita tamen ut quicumque per mensem unum denarium dederit, habeant absolutos XL dies de sua penitentia. Mittimus vobis hunc nuntium, nomine Sancio Garcez, ad helemosinam recipere, et donate ad illum, sive ad suos homines, quod Deus vobis miserit in corde. >>

 

Nde : Ce document est le plus ancien que nous possédons sur la création de notre Ordre du Saint Sauveur. Il est rédigé en Latin, la traduction en Français qui suit a été faite par un Latiniste médiéviste de qualité, notre Frère et ami Don Carlos Luis de la Véga y de Luque, commandeur de l’Ordre du Saint Sauveur de Mont Réal pour l’Aragon, Directeur de la Maison de la Culture de Téruel, il s’attacha à faire une traduction aussi fidèle que possible et compréhensible par le commun des mortels.

Francais

« Que les cieux se réjouissent, que la terre soit heureuse, que les montagnes exultent.

Que les pécheurs conscients ou inconscients respirent et reprennent confiance, à la vue adorables des œuvres merveilleuses du Christ.

Une chose est vraie : L’Esprit souffle où il veut.

Une chose est vraie : Le Cœur du Roi est dans la main de Dieu, et Dieu le conseille et le guide, toujours et partout, où il est utile et bon de le conduire.

Or, voici qu’Alphonse, premier du nom, le vaillant et glorieux roi d’Aragon, a réalisé avec son invincible armée les plus merveilleuses actions. Sous l’inspiration de l’Esprit Saint, avec son aide et sa grâce donné, et aussi, suivant les sages conseils du Vicomte Gaston de Béarn et de bien d’autres bons princes, le Roi a bien voulu entendre mes propos.

Je lui fis savoir qu’il serait convenable et agréable à Dieu d’ordonner et de constituer une « Milice du Christ » semblable à celle qui oeuvre à Jérusalem.

Tenant compte que tous les Sarrasins de ce côté-ci de la mer sont soumis et dominés par le Roi, je proposai qu’avec cette Milice il veuille tracer un chemin jusqu’à la mer, pour ouvrir ainsi une voie maritime nouvelle vers Jérusalem.

Etant donnée que, de Daroca à Valence, il n’y avait que des terres incultes, cimes inaccessibles et vastes déserts, je demandai qu’il édifia une ville forte nommée Mons Régalis (Monréal), c’est à dire la Montagne du Roi du Ciel, pour que la divine Milice y ait son propre siège, avec un hôpital.

Je demandai que tous voyageurs trouvent en cette Maison, avec la sécurité, la table et le bon repos.

Pour la gloire de Dieu et la subsistance de la  Sainte Milice, le Roi donna la moitié des revenus du Mont Réal, la moitié de ceux de Ségorbe, de Brunol, de Cuenca, de Molina, de Burbaguena et du port de Carinena, ainsi que la moitié des revenus de tous lieux situé au sud de Mont Réal.

Egalement il fit don à la Milice de la moitié de tous les fermages et le cinquième de tous les revenus royaux de toues les autres villes et les meilleurs champs.

Il pria que Dieu veuille concéder et donner aux chevaliers les meilleurs fiefs et alleux libres de toutes charges seigneuriales.

Outre ceci, il s’engagea à couvrir, chaque année, la solde de mille soldats à Jaca et de mille aussi à Saragosse.

Pour la subsistance, il promit de donner à la Milice, tous les cinq ans, cinq cents kafices de blé et cinq cents d’orge, au bénéfice des chevaliers.

Il se sacra lui même chevalier de la Milice de Dieu.

Puis il fit savoir que cette Sainte Milice était franche et libre de toutes servitudes, et spécialement de la quinta (la quinta était la part du butin de guerre qui revenait au Roi), selon la même loi que la Milice de Jérusalem.

Il eut voulu, le Roi, et imposa que tous ceux qui venaient volontairement à la Maison Cheftaine de la confrérie, ou à toutes autres Maisons de l’Ordre, qu’ils soient amis ou ennemis, seuls ou avec les leurs, soient reçus en toute sécurité.

Qu’ils soient libres de venir, de demeurer ou de partir.

Il décida que, pour leur grand bien, le monde ecclésiastique devait beaucoup travailler. Il accorda que tous, évêques et leurs clercs, fussent frères de l’Ordre et participent à toutes rémunérations. Que, pour cette raison, les évêques et prêtres des royaumes se devaient de célébrer des messes et des sacrifices à Dieu pour tous les défunts et les bienfaiteurs de l’Ordre, qui étaient, de leur vivant, co partageant des bénéfices de toutes les églises.

Il fit encore savoir, le Roi, que chacun, Chevaliers ou soldats d’infanterie unis dans cette Milice pour remercier Dieu, devaient recevoir la même subsistance. Que les pertes leur seraient restituées et que l’Ordre couvrirait la moitié des dépenses de leurs acquisitions utiles.

Nous tous, les évêques de notre Roi Alphonse, conjointement avec tous les abbés, tout le clergé et tout le peuple, nous rendons grâce à Dieu pour l’oeuvre divine et la création dont nous sommes reconnaissants.

Nous absolvons de tous péchés, lui et les siens, celui qui aide les fidèles du Christ, de même et d’aussi réelle façon que si ces péchés et leurs pénitences avaient été absous par le Pape jouissant de l’autorité de ses prédécesseurs et de celle des bienheureux apôtres Pierre et Paul.

De même façon, nous absolvons les frères chevaliers de Jérusalem.

Nous ajoutons à ceci que nous, évêque, nous ordonnons à nos clercs que, dans les assemblées ou festivités, il soit fait mention du Roi et des princes, et particulièrement de ceux qui font  profession en cette sainte confrérie, que ceci se fasse alors qu’ils célèbrent la messe, chacun au moins deux fois l’an.

Moi, Guillaume d’Auch, Archevêque, je me fais membre de cette confrérie et je loue et confirme l’Absolution faite ci-dessus.

En outre, nous absolvons tous les pénitents qui donnent un denier par mois. Qu’ils soient ab sous de quarante jours de leurs pénitences.

Nous vous envoyons notre messager du nom de Sanche Garcès pour recueillir l’aumône

Donnez à lui ou à ses hommes que Dieu vous envoie. »

Espagnol

Traduction en Espagnol telle que nous pouvons la trouver dans le fond Fuentes :

« Alégrense los cielos, y salte de gozo la tierra, festejen los montes; quienes son justos respiren y confíen los pecadores y relajados al admirar la obra de Cristo. En verdad, el Espíritu Santo cuando quiere inspira; en verdad, el corazón del rey está en poder de Dios, y a quien quiere lo inspira y convierte.

He aquí que Alfonso, valeroso y glorioso rey Aragonés, terminadas victoriosamente la mayor parte de las campañas de su valerosa milicia, por la gracia del Espíritu Santo, con su inspiración y ayuda, con el consejo y apoyo del Vizconde Gastón y de los demás buenos príncipes, considerando que sería bueno y agradable a Dios por todos los tiempos, dispuso organizar y constituir una Milicia Christi, por medio de la cual pudiese, bajo su dirección, abatidos y vencidos todos los sarracenos de este lado del mar, abrir un camino para viajar a Jerusalén, con la voluntad de Cristo. Y puesto que desde Daroca hasta Valencia se extendían grandes desiertos, sin caminos, y lugares yermos e inhabitables, edificó una ciudad, que llamó Monreal, esto es, mansión del Rey Celestial, en la que la Milicia Dei tuviera su propia sede, para que tanto los que van como los que vienen hallasen descanso segur.

Dio el Rey, en honor de Dios y para sustento de la santa milicia, la mitad de la renta de esta ciudad, y la mitad de su mitad de Segorbe, y de Buñol, y de Cuenca, y de Molina, y de Burbáguena, y del Puerto de Cariñena, desde estas y de todas las infra escritas hasta Monreal; además, [dio] la mitad de todas las quintas del Ebro por toda España hacia delante, y la quinta parte de todas las propiedades y rentas reales; concedió a los caballeros de Dios, en todas las ciudades y castros mayores que Dios le diese, uno de las mejores propiedades; además, [concedió] cada año mil sueldos en [ las rentas de] Jaca y otro tanto en Zaragoza; y cada año, durante un quinquenio, quinientos cahíces de trigo y quinientos de cebada.

A todo esto añadió el rey que esta santa milicia fuera libre e ingenua de toda clase de servicio y particularmente de la quinta, como la milicia de la hermandad Jherosolimitana, y que todos los que vengan a esta cofradía, tanto amigos como enemigos, que ellos y sus pertenencias, tanto al ir, como al volver, o mientras permanecieran, que tengan plena y segura tranquilidad.

Y porque el Orden eclesiástico debe contribuir a un bien tan grande, agradó a los obispos que ellos mismos con todos sus clérigos fuesen hermanos y partícipes de todo beneficio, y por esto, una vez al año, cada obispo y todos los sacerdotes de su episcopado, celebrasen sendas misas y ofreciesen sacrificios a Dios, en favor de todos los difuntos de la cofradía y de todos sus benefactores, y que en la vida terrena, tanto los cofrades como sus benefactores de todas sus iglesias fuesen copartícipes de los beneficios.

Igualmente, a cualquier caballero o soldado que se ha inscrito en esta santa milicia para servir a Dios, que a todos les sean restituidas, la montura, la comida o cosas entregadas y perdidas, además, se le concederá con gozo la mitad de los bienes adquiridos.

Igualmente, nosotros, todos los obispos del reino de nuestro señor Rey Alfonso, juntamente con los abades y el clero y con todo el pueblo, por la divina obra y la gratísima exhortación, damos gracias al altísimo Dios y, por la autoridad de nuestro señor el Papa, y también de sus predecesores, y especialmente de los santos apóstoles Pedro y Pablo, de la misma manera que a los Jherosolimitanos, a aquel [cofrade] y a aquellos benefactores cualesquiera que sean fieles de Cristo, confesados sus pecados y aceptada la penitencia, los absolvemos de todos sus pecados.

Añadimos incluso esto que nosotros, todos los obispos, ordenamos a nuestros clérigos que, en reuniones y festividades, todos hagan memoria por igual al rey y a sus príncipes, especialmente por aquellos que están en esta santa cofradía, y esto, dos veces al año, celebrando sendas misas.

Yo, Guillermo, arzobispo de Aux, me hago cofrade de esta hermandad y concedo y otorgo la absolución y remisión escrita más arriba, y de nuevo, absolvemos a aquellos de su penitencia, de manera que, cada uno que entregue un denario por mes, tenga absueltos cuarenta días de penitencia. Os enviamos este mensajero, de nombre Sancho Garcés, para recibir la limosna. Entregadle a él, o a sus hombres, lo que Dios ponga en vuestro corazón. »

Note du Grand Chancelier

Note personnelle du Grand Chancelier de l’Ordre du Saint Sauveur de Mont Réal, Son Excellence le Chevalier Prévôt Vicomte Mourey de Marboz, Inspecteur Général de l’Ordre :

–      Ce document démontre la volonté du Roi, de l’Archevêque et du Vicomte de Béarn, de construire un « Temple » espagnol à l’image de celui d’Hugues de Payen.

–      Comme nous le voyons par d’autres documents d’époque, les Chevaliers et membres de cette Milice du Christ se dirent, eux aussi, sans que l’on sache bien pourquoi, « Frère du Temple de Jérusalem ».

–      La volonté de l’archevêque de tracer un chemin vers Valence implique que le Roi, Gaston IV et lui même avaient l’idée de rejoindre leurs frères en Orient aussi rapidement que possible.

–      On est en droit de se demander si la Milice Aragonaise qui occupa le Mont Goïa (Montjoie), près de Jérusalem, et qui portait elle aussi comme signe distinctif la croix ancrée de gueules, n’est pas issue de ce Temple Aragonais.

–      Beaucoup de médiévistes espagnols en ont la conviction. Ils n’en veulent pour preuve que l’existence des commanderies multiples que posséda cette Milice autour de Mont Réal.

–      Une autre chose est à remarquer, c’est l’énorme effort financier fait au bénéfice de la Milice du Saint Sauveur de Mont Réal qui semble avoir englobé pratiquement toute l’armée d’Alphonse Ier, ainsi, naturellement, que toutes les commanderies et lieutenances installées préalablement dans le royaume d’Aragon par le Batailleur. Le désintéressement du Roi est formel. Une seule chose semble compter à ses yeux : la « Reconquista ».

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