Histoire

L’histoire de l’Ordre du Saint Sauveur du Mont réal, appelé tantôt Saint Sauveur de Montréal, Saint Sauveur de Mont Réal, etc…. suivant les historiens sérieux ou nom sérieux qui en ont parlé de manière brève, anecdotique ou précise mériterait une somme de publication qui dépasse largement le cadre de ce site internet.

Une seule manière de travailler cette histoire qui s’étale maintenant sur près d’un millénaire : Partir du seul canevas sérieux en notre possession, celui réalisé dans les années soixante-dix par notre Maître Général, le Comtes Girond Flandres et lui apporter ce que la modernité des « numérisations » de fonds historique et ce qu’internet nous offre afin de l’étoffer, de l’argumenter, de l’augmenter du savoir accessible aujourd’hui et qui pouvait faire défaut hier.

Sans oublier le savoir Oral, cher à notre Comtes Girond Flandres et pour lequel  j’ai le bonheur de pouvoir m’instruire et m’enrichir de manière quotidienne auprès de son fils, l’actuel Maître Général de l’Ordre du Saint Sauveur du Mont réal, le Marquis André Girond de Saint-Waast sans qui rien ne serait aujourd’hui et sans qui rien ne pourrait être demain de cette noble institution qu’est notre Ordre millénaire de Chevalerie.

Au fil de mes recherches, découvertes et tentatives de compréhension, j’ai souvent pensé à Fucanelli, et j’ai souvent eut la certitude que comme cet auteur Alchimique qui nous laisse sur notre faim avec la certitude de son savoir hermétique non transmis, le Comtes Girond Flandres ; savait beaucoup plus de choses qu’il ne voulait nous en transmettre aux travers de ses écrits. Comme si, il nous donnait la voie, le chemin de réflexion et qu’une petite voix venue d’Orient nous disait : « Allez mon preux Chevalier, cherches et tu trouveras peut être ».

De la même manière au détour de certaines de mes découvertes dues à l’avancée technologique d’internet et à la numérisation des archives aragonaise auxquelles il ne pouvait avoir eu accès, j’ai eu la surprise de découvrir que ce qu’il nous donnait était exact, repris par ces nouvelles archives, à telle point que je trouvais même des compléments d’information à ses remarques qui s’il avait pu en avoir connaissance n’aurait pas manqués d’être cités par lui….

C’est tous ces points que j’ai voulu laisser à nos futurs Chevaliers de l’Ordre du Saint Sauveur du Mont Réal, pour que la richesse de sa mémoire vivante, transmise de génération en génération depuis bientôt mille années, ne se perde pas et se trouve enrichie de mes recherches d’une part mais surtout de l’accès numérique possible de nos jours.

PREAMBULE

Voici donc l’ordre chronologique des événements tel que le citait, ou plutôt devrions-nous dire le « récitait », le Comtes Girond Flandres :

Chronologie de l’Ordre Templier du Saint Sauveur de Mont-Réal de son origine à 1136

871 : Fondation de l’Ordre du Chêne, par Gracie-Ximénès, premier Roi de Navarre.

880 : Mort de Gracie-Ximénès.

887 : Diète de Tribur, reconnaissant l’indépendance du Royaume de Navarre.

972 : Création de Luz, Maison de l’Ordre du Chêne, près d’Argelès, par les soins de Sanche II de Navarre.

1050 : Création en Navarre, par le Roi Gracie IX de l’Ordre de Notre-Dame du Lys.

1061 : L’Ordre de Notre-Dame du Lys est absorbé par l’Ordre du Chêne, selon la volonté du Roi Sanche IV.

1067 : Le 4 novembre, assassinat du Roi Sanche IV. Le Vicomte de Béarn, parent du Roi, devient Grand Maître de l’Ordre du Chêne. Le Roi d’Aragon Sanche Ramirez ceint la couronne de Navarre. La Milice militaire de Monzon, créée en 1063, est absorbée par l’Ordre du Chêne. Cet Ordre n’abandonnera la place qu’en 1143, volontairement, pour permettre à l’Ordre du Temple de Salomon de prendre pied en Aragon.

1084 : Création par le Chevalier Bernard guillaume de l’Ordre du Chêne de la Milice de Castro.

1085 : Création d’une Milice de défense du Monastère de Saint Jean de Péna, par les soins de l’Ordre du Chêne.

1093 : Création d’une milice de protection au monastère de Mont Aragon, par cinq Chevaliers de l’Ordre du Chêne.

1104 : Création, par Pierre Ier, de la Milice de Murillo de Callégo, cette fraternité sera absorbée en 1128 par l’Ordre du Saint Sauveur. Mort de Pierre Ier. Avènement d’Alphonse Ier.

1109 : Mort d’Alphonse VI de Castille, Alphonse Ier épouse la veuve de ce prince et tente d’ajouter cette couronne castillane à celles de Navarre et d’Aragon qu’il tenait de son frère Pierre. La reine Uracca s’oppose à ce désir pour préserver les droits de son fils… et le pouvoir du comte de Lara, son amant.

1110 : Le monastère du Saint Sauveur de Leyre reçoit une très importante Compagnie de l’Ordre du Chêne. C’est à partir de cette époque que les Chevaliers du Chêne seront souvent cités comme : « Chevaliers du Saint Sauveur », ce nom leur restera.

1118 : Création de la Milice de Tarazona, par l’Ordre du Chêne. Création de la Milice César Auguste à Saragosse. Neuf Chevalier du Conseil Magistral de l’Ordre du Chêne se constituent, selon le plan cistercien, en « Milice du Christ ». C’est ce collège qui transformera l’Ordre Navarrais du Chêne en Ordre du Saint Sauveur. Le nouvel Ordre jouira des mêmes avantages et prérogatives que l’Ordre du Temple de Salomon. L’Ordre du Saint Sauveur sera considéré comme un Ordre Templier.

1120 : Prise de Tarragone sur les Maures et création d’une Milice.

1122 : Création de la Milice d’Alhambra. Création de la Milice de Belchite. Prise de Daroca par Fortun Garcès Cazals. Prise des sources du Jiloca.

1124 : Le site de Monréal est confié à l’Abbé Raymond, pour qu’il le peuple et construise le château monastère qui portera ce nom.

1126 : Le Vicomte Gaston de Béarn est fait seigneur de Monréal.

1127 : Construction par Gaston de Béarn du château et de l’église de Montréal à Sauveterre, de l’abbaye de sauvelade  et de la cathédrale de Oloron (Sainte Marie).

1128 : La Milice du Christ devient l’Ordre du Saint Sauveur. Elle reçoit sa maison chevetaine de Monréal et sa double règle, chevaleresque et religieuse. La règle des chapelains de Monréal s’inspire de celle des chanoines du Saint Sépulcre, tandis que la règle militaire s’inspire de celle du Temple.
A Jérusalem, les pauvres Chevaliers du Temple créent leur maison mère et reçoivent leur règle. Gaston de Béarn, Seigneur de Monréal et responsable de la Milice du Christ est fait Grand Maître du Saint Sauveur.

1129 : L’Archevêque Guillaume d’Auch, Primat de Navarre et d’Aragon, publie un mandement faisant état de la création de l’Ordre du Saint Sauveur.

1130 : Le Grand Maître Gaston de Béarn est assassiné par un Musulman. Garcès Cazals, Majordonne d’Alphonse Ier, lui succède.

1132 : Création, par le Saint Sauveur, de la Milice de Puilampa, sous le commandement d’André de Béarn, fils cadet de Gaston.

1134 : Défaite de Fraga (le 17 juillet). Mort de nombreux Monréalais, parmi lesquels le Grand Maître du Saint Sauveur, Garcès-Cazals, et le fils ainé de Gaston de Béarn, Centulle V. Lop Cazals succède à son oncle à la Grand Maîtrise de l’Ordre du Saint Sauveur.

1134 : Le 7 septembre, Alphonse Ier meurt de ses blessures, Ramire le Moine lui succède sur le trône d’Aragon, tandis que Gracie V prend celui de Navarre.

1135 : Pour des raison polilitques, le Grand Maître Lop Casals est emprisonné par Ramire, il ne lui rendra sa liberté qu’en échange du trésor de monréal et la restitution de tous les fiefs qu’il tenait des libératlités d’Alphonse Ier.

1136 : Consicle de Burgos. Le Chevalier Lop Sanz (Péro Galin Sanz) devient le quatrième Grand Maître du Saint Sauveur.

Si l’Ordre du Saint Sauveur n’est créé qu’entre 1118 (date de la première installation à Mont Réal del Campo) et 1129 (date de la publication du mandement confirmant les prérogative de l’Ordre), le Comtes Girond Flandres semblait porter un intérêt à retracer les quelques deux siècles et demi qui précédaient, et sur ce point nous le rejoignons complètement.
D’une part parce qu’il nous paraît inconcevable de comprendre les origines de notre Ordre sans partir des origines de la Reconquista, d’autre part parce que les différentes Milices créées lors des premières épopées ibériques de la Reconquista, furent toutes sans exception intégrées (ou absorbées) à l’Ordre du Saint Sauveur du Mont réal.

De ce fait, et grâce aux nombreuses archives auxquelles nous avons aujourd’hui accès, nous allons reprendre date par date les éléments transmis par notre Grand Maître et les enrichir de ceux accessibles à ce jour.

FONDATION

  • Fondation de l’Ordre du Chêne, par Gracie-Ximénès, premier Roi de Navarre.

L’Ordre du Chêne (ordes de Incina) fut créé en l’an 871 par Gracie Ximénès, premier Roi de Navarre, au début de la période dite de la Reconquista.

Nous insistons bien sur la date de 871, certains historiens précisant la création de cet ordre en 722, ce qui est tout bonnement impossible, Gracié Ximénès n’étant pas encore né à cette date !

L’origine de cet ordre est due aux faits suivants : « Dans une bataille livrée aux Maures par Gratius Ximenès, ce dernier crut voir au-dessus d’un chêne une croix lumineuse adorée par des anges. A ce signe, il sentit un nouveau courage enflammer son ardeur, et comme il remporta la victoire, il eut la persuasion qu’il la devait à cette vision ». Il fonda dans le royaume de Navarre,  l’ordre du Chêne, afin de témoigner publiquement sa reconnaissance à Dieu pour le secours inespéré qu’il avait reçu de lui.

Ce qu’il convient de lire dans l’appellation donnée par le Contes Girond Flandres au travers du terme Gracié Ximénès est en fait García Jiménez (García II selon certaines numérotations) fut sous roi ou « co » roi d’une partie du royaume de Pampelune à la fin du IXe siècle.

La dynastie basque régnante des Jiménez contrôlait apparemment une partie du futur royaume de Navarre distincte de celle tenue par les descendants d’Eneko Arista de Pampelune (Íñigo Arista). García est supposé avoir succédé à son père du vivant de García Ier de Navarre (García Íñiguez), et est listé par le codex de Roda comme étant d’ »une autre partie du royaume » de Pampelune.

Par une reconstruction populaire, quand le roi García Ier mourut censément en 870 pendant que son fils et héritier Fortún de Navarre (Fortún Garcés) était emprisonné à Cordoue, García Jiménez serait devenu le régent incontesté du royaume jusqu’à ce qu’il soit tué à Aibar (882) lors d’une bataille contre l’émir de Cordoue Muhammad Ier. Cependant, il y a des preuves que García Íñiguez était encore en vie quand son fils revint en 880, et il est possible que ce soit lui qui ait été tué en 882. En fait, il n’y a aucune preuve documentaire que García Jiménez ait joué un rôle dans le gouvernement du royaume de Pampelune.

García Jiménez épousa en premières noces Oneca, « Rebelle de Sangüesa », dont il eut :

Íñigo, appelé ‘roi’ dans le Codex de Roda, peut-être successeur de son père.
Sancha, mariée en premières noces avec Íñigo Fortúnez, fils du roi Fortún Garcés, puis en secondes noces avec Galindo II Aznárez, comte d’Aragon.

García Jiménez épousa en secondes noces Dadildis de Pallars, sœur du comte Raymond Ier de Pallars et Ribagorza dont il eut :

Sanche Ier, futur unique roi de Pampelune.
Jimeno, roi ayant succédé à Sanche Ier.

Nous n’avons pas malheureusement d’illustration de Gracié Ximénès (Garcia Jiménez) à vous proposer.

Mais s’il fallait montrer l’importance de partir de la création de l’Ordre du Chêne pour reconstituer l’histoire de l’Ordre du Saint Sauveur du Mont réal, il suffirait de se fier au fait qu’à un moment et tel que le représente une illustration « moderne » issus des archives aragonaise et réalisée à partir des éléments historiques en leurs possession : à un moment donné de la Reconquista et certainement dans les années 1110/1120, l’Ordre du Saint Sauveur du Mont réal est représenté avec l’emblème de l’Ordre du Chêne, c’est à partir de l’officialisation de la création de notre Ordre que celui-ci abandonnera le Chêne pour ne garder que la Croix Ancrée comme symbole.

Pour en revenir à la date de 722 ou même de 718 citée par certains historien sur la fondation de l’Ordre du chêne, il ne pourrait dans ce cas s’agir de Don Garcia Ximénez mais plutôt du Roi Pelayo l’un n’étant tout bonnement pas né, comme nous l’avons déjà précisé, au 8ème siècle. Mais l’important n’est pas là, il réside dans le fait que cette première milice, ce premier Ordre militaire a été une force motrice et utile de la re-conquête de la péninsule ibérique.

Près du château de la Ainsa, se trouve le monument de la « Cruz Cubierta » (XVIIe siècle) qui commémore la bataille légendaire quand les troupes chrétiennes de Garcí Ximénez se sont affrontées à l’armée musulmane et, grâce à la miraculeuse apparition d’une croix de feu sur un chêne, les troupes chrétiennes ont été victorieuses. Cette histoire est recrée tous les deux ans, le deuxième week-end de septembre, avec la représentation épique de La Morisma sur la Plaza Mayor.

Château de Ainsa.

Cruz Cubertia.

C’est à cet emplacement qu’il convient de concevoir les origines de notre Ordre telles que voulut nous le faire comprendre le Comtes Girond Flandres. De la Cruz Cubertia, l’Ordre du Chêne portant la croix au-dessus du chêne fut le berceau de notre Ordre. Lors de notre constitution, le chêne fut abandonné et nous avons gardé la Croix comme signe distinctif.

La Cruz Cubertia, dans sa représentation ne semble pas être une croix ancrée, mais simplement une croix latine basique. Pourtant les plus anciennes représentations auxquelles nous pouvons avoir accès et présentant un chevalier de l’Ordre du Chêne, sont avec des Croix Ancrées.

Nous ne partirons pas dans une tentative de rapprochement entre le terme d’Ainsa et l’aspect ancrée de notre croix, aucune piste sérieuse, latine (Ainza) ou autres ne pouvant se baser sur ce point.

Nous l’avons déjà dit, la croix ancrée est celle des « pécheurs d’âmes » et la Cruz Cubertia était peut-être à son origine, au XIIème Siècle, présentée avec une croix ancrée et non celle que nous y trouvons actuellement.

AN 887


887 : Diète de Tribur, reconnaissant l’indépendance du Royaume de Navarre.

Pour pouvoir parler de la diète de Tribur et du fait que l’année 887 voit se confirmer l’indépendance du Royaume de Navarre, il convient en tout premier lieu de faire un bref résumé sue le Royaume de Navarre auquel notre Ordre fut étroitement lié.

La Navarre (Navarra en castillan et Nafarroa en basque, Reino de Navarra et Nafarroako Erresuma dans son nom entier) est un royaume médiéval.

La Navarre fut peuplée par les Vascons. Cette contrée fut successivement envahie par les Romains, dont elle resta longtemps la fidèle alliée, par les Suèves, les Wisigoths, les Arabes. Au VIIIe siècle, la Navarre était sous le contrôle des Banu Qasi (Wisigoths convertis à l’Islam). L’avènement du premier roi de Navarre ou roi de Pampelune ne s’est pas fait sans heurts, tant sur le plan intérieur, en raison de l’opposition d’une partie de la population chrétienne (minoritaire) à l’alliance avec les Musulmans, qu’extérieur, la Navarre étant menacée d’un côté par l’Émirat de Cordoue (en 781, ‘Abd al-Rahmān Ier s’était emparé de Pampelune) et de l’autre par l’empire carolingien, avec les interventions de Charlemagne d’abord, puis de son fils Louis le Débonnaire. En 778, Charlemagne la soumit ainsi que tous les pays voisins jusqu’à l’Èbre. La Navarre s’étendait à cette époque sur les deux versants des Pyrénées.

Le royaume de Navarre, est né d’une alliance entre les Musulmans et les Chrétiens qui ont désobéi à l’autorité religieuse pour défendre leur indépendance nationale. Il faut préciser que le Banu Qasi Musa ibn Musa, surnommé le troisième roi d’Espagne, était le demi-frère et le gendre d’Eneko Arista et que d’autres mariages ont renforcé l’alliance des deux dynasties.

Louis le Débonnaire, alors roi d’Aquitaine, donna la Navarre au comte Aznar. Devenu empereur, il dut faire face à plusieurs soulèvements des Vascons. En 824, les Vascons d’Eneko Arista écrasent une seconde fois l’armée franque à Roncevaux. Après cette victoire, Eneko Arista est proclamé roi de Pampelune. Son fils García Íñiguez voit son titre de roi de Navarre confirmé en 860. L’indépendance de la Navarre est proclamée à la diète de Tribur (887), et le titre de roi reconnu à García et à ses successeurs. À la mort de Sanche III le Grand (1035), ce royaume, qui comprenait alors tout le Nord Est de l’Espagne, se partage en trois royaumes : Navarre, Castille, Aragon.

Revenons à la Diète de Tribur et au contexte qui l’entoure ; Carloman, roi des Francs meurt sans descendance en 884, les grands du Royaume ne voulant pas de Charles le Simple, qui n’est alors qu’un enfant de cinq ans, c’est donc à Charles le Gros que revient le titre de Roi des Francs. C’est le troisième fils qu’Emma de Bavière avait donné à Louis le Germanique. A la mort de son père, il avait été proclamé roi d’Alémanie et avait partagé avec ses frères Carloman et Louis le Jeune le gouvernement de la Lotharingie. En 879, Charles le Gros était partie défendre le pape contre les envahisseurs sarrasins et avait été proclamé roi d’Italie. En 880, le pape Jean VIII l’avait couronné Empereur. Après la mort de ses deux frères, Louis le Jeune en 882, et Carloman deux ans plus tard en 884, il se retrouve maître de toute l’Allemagne.

Charles le Gros.

Reconnu également roi de la Francie Occidentale, Charles se retrouve ainsi à la tête de tout l’empire de Charlemagne. Mais ce roi est un lâche et s’il règne par fourberie et brutalité, il se révèle incapable d’imposer son autorité en Italie et en Allemagne.

En 886, les Viking assiègent Paris et c’est le comte Eude qui soutient vaillamment la cité et mène une défense héroïque en attendant les renforts de Charles, mais celui-ci tarde inexplicablement à venir et dès qu’il arrive, il négocie avec les Normand.

Le Comtes Eudes défend vaillamment Paris.

Eudes dans Paris contre les Vikings.

Ceux-ci font payer très cher la levée du siège de la ville :

Charles le Gros devant Paris.

Outre un énorme tribut il obtienne toutes libertés pour aller piller la Bourgogne. Les grands du royaume écœurés d’un tel comportement laissent éclater ouvertement leur colère, Charles, prudemment se retire de France. Les Allemands lui réservent un accueil qui est loin d’être chaleureux et en décembre 887, à la Diète de Tribur, près de Mayence, Charles est contraint d’abdiquer et c’est Arnoul, un fils bâtard de son frère Carloman qui devient empereur de Germanie.

Le 13 janvier 888, Charles le Gros décède à Neidingen, la ville où il avait vu le jour. La grande noblesse de la Francie Occidentale fait appelle au comte Eude, le vaillant défenseur de Paris pour prendre le titre de Roi de Francie.

Lorsque Charles le Gros décède, il ne reste plus qu’un Carolingien, Charles le Simple, il est le fils posthume de Louis le Bègue et d’Adélaîde de Frioul.

Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, aura donc réuni quelques temps entre ses mains la Germanie, l´Italie et la France ; l´Empire est reconstitué et il était assez fort pour repousser les Normands, mais Charles le Gros, au lieu de les écraser sous les murs de Paris, ne sait qu´acheter honteusement leur retraite, et les grands profitent de sa lâcheté pour le déposer.

Portrait de Eudes, Roi de France.

L´Empire est définitivement morcelé : la Germanie, l´Italie, la France, la Bourgogne, la Lorraine, la Navarre se donnent chacune un roi; le roi de France est le fils de Robert le Fort.

Eudes, duc de France.

Chacun de ces royaumes est lui-même morcelé: en France le duc d´Aquitaine, le duc de Bourgogne, le comte de Vermandois, le comte d´Anjou, le comte de Toulouse, etc… sont aussi puissants que le roi, qui n´est guère que duc de France.

AN 972


972 : Création de Luz, Maison de l’Ordre du Chêne, près d’Argelès, par les soins de Sanche II de Navarre.

Sanche II de Navarre, dit Abarca (sandale), né en 935, mort en 994.
Il régna sur la Navarre de 970 à 994, il fut également comte d’Aragon de 972 à 994.
Fils de García II de Navarre et de Endregoto d’Aragon.
Sanche II de Navarre épousa en 962 Urraca de Castille (†1007).

De cette union naquirent :
Marie de Navarre (†998) elle épousa Othon III du Saint-Empire
García III de Navarre
Ramire de Navarre (†992)
Gonzalve de Navarre, comte d’Aragon
Urraca de Navarre, devenue Abda après avoir épousé Al Mansur

Du peu de fait que nous pouvons trouver sur Sanche II de Navarre au travers de différentes archives est qu’il réunira durant son règne, à son royaume de Navarre le comté de Jacca, institué par Charlemagne et qui se nommait Aragon à cause de sa principale vallée d’Arragues.

Pour une meilleure compréhension : Endregoto Galíndez, fille du comte d’Aragon Galindo II Aznárez et d’Acibella de Gascogne, morte en 972, est comtesse d’Aragon de 928 à 972, et reine de Navarre jusqu’en 943. Pour résoudre un conflit né de l’occupation de son comté par Sanche Ier de Navarre, elle épouse le fils de celui-ci, le futur García II de Navarre. Bien qu’annulée ultérieurement, de cette union naît Sanche II de Navarre, qui hérite du comté à la mort de son père, devenu comte d’Aragon en 943.
Endregoto, prénom rare, se compose d’un élément basque andere : dame et d’un élément germanique gaut : Goth.

Sanche II de Navarre procéda à la continuité de l’Ordre du Chêne en lui donnant sa maison Cheftaine à Luz près d’Argelès.

En corrigeant quelques dates toujours très aléatoires ou fausses d’ouvrages anciens, on arrive à trouver dans l’ouvrage « Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire, volume  1 » de Louis Moréri et Goujet publié dans sa dernière édition en 1759, un passage faisant mention de vieilles monnaies de Navarre, portant une croix sur un arbre. L’auteur prétend que le roi Sanche, ayant conquis tout l’Aragon sur les Maures, joignit le blason de cette province, qui était autrefois un chêne, à celui de Navarre qui était une croix pommetée…. Nous aurions à juste titre tendance à penser que ces monnaies sont plus dans la logique de la croix ancrée de notre Ordre et du Chêne de l’Ordre du même nom qui précéda, puis s’imbriqua dans le nôtre pour finalement ne faire qu’un : « le Saint Sauveur de Montréal ». nous avons déjà vu que plusieurs historien faisait mention pour l’Ordre du Chêne de la croix ancrée de gueule en précisant que l’étendard portait la croix seule et que le tabard portait la croix et en dessous le chêne. Nous vous renvoyons à l’illustration mise plus haut présentant un chevalier de l’Ordre du Chêne et portant la croix du Saint Sauveur de Monréal.

Il était normal que Sanche II poursuive dans le même sens que ses prédécesseurs en utilisant dans ces campagnes militaires, les Chevaliers de l’Ordre du Chêne. Et il était logique qu’il conforta cet ordre en lui instituant une maison cheftaine à Luz. On discerne déjà à cette date le mélange curieux de notre croix ancrée et de l’ordre du Chêne.

Est à penser que l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal existait déjà en 871 par la fondation de l’Ordre du Chêne ? Certainement ! C’est du moins ce que pensait notre Grand Maître et ceux qui l’ont précédé à la Maîtrise de notre Ordre, en remontant la traçabilité chronologique de ce dernier  à la création de l’Ordre du Chêne.

La croix ancrée de gueule, que nous furent les seules, je le redis ici une fois encore, à porter dans ces périodes de reconquista, n’a pas été créée, inventée par Alphonse le Batailleur ou par Gaston de Béarn. Cette croix, c’est la croix des pécheurs d’âmes, elle est très ancienne, et on la trouve déjà sur les chevaliers de l’Ordre du Chêne avant la création de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal.

Lors de notre création, et surtout lors de notre confirmation sur les terres de Monréal del Campo par Alphonse le Batailleur, en présence de nombreux chevaliers Francs dont Gaston de Béarn, en absorbant les différentes milices créées auparavant, en absorbant l’Ordre du Chêne, il n’était pas illogique que nous gardions la croix ancrée de Gueule typique de Monréal.

Pour en finir avec Luz près d’Argeles, l’histoire à quelques fois de drôle de « signaux » puisqu’en 1962 Luz est devenue Luz Saint Sauveur. On peut y voir encore les ruines du château médiéval de Saint Marie ainsi qu’une splendide église fortifiée du moyen Age.

Elle s’est appelée Luz jusqu’en 1962, mais a tenu alors à s’adjoindre à des fins publicitaires le nom de Saint-Sauveur, qui est celui du hameau voisin de SAINT-SAUVEUR où se trouve une source thermale.

Château Sainte Marie, Luz Saint Sauveur

Clin d’œil de l’histoire, peut-être pas finalement : si l’on se réfère aux cartes de CASSINI qui datent de 1750, on retrouve bien LUS dans son orthographe ancienne mais par contre aucune mention de Saint Sauveur… comme s’il paraissait évident  que Luz et Saint Sauveur ne faisait qu’un… comme si l’un ne pouvait aller sans l’autre, et que Saint Sauveur (de Monréal) avait toujours été associé à Luz au travers de sa commanderie de l’Ordre du Chêne tout d’abord puis logiquement du Saint Sauveur de Monréal…

Carte de Cassini, 1750. Luz est bien mentionné sous son appellation en vieux Français de LUS, mais aucune mention de Saint Sauveur n’apparaît sur cette carte.

AN 1050


1050 : Création en Navarre, par le Roi Gracie IX de l’Ordre de Notre-Dame du Lys.

Il convient ici en tout premier lieu de corriger ou de préciser que Gracié IX, Roi de Navarre est en fait :

Garcia IV de Navarre, dit « Le Grand », né en 1020, mort en 1054. Il régna sur la Navarre de 1035 à 1054. Fils de Sanche III de Navarre et de Elvire de Castille. Garcia IV de Navarre épousa en 1038 Étiennette de Bigorre.

De cette union naquirent : Sanche IV (1039 † 1076), roi de Navarre
Urracca, mariée à Garcia de Najera
Ermessinde, mariée à Fortun de Yarnoz
Ramiro († 1083), sire de Callohora
Ferdinand ou Fernando (†1068), sire de Bucesta, Jubera, Lagunilla y Oprela, il épousa Nuna Iniguez, fille d’un comte de Vizcaya
Raymond, dit « Le Fraticide », sire de Murillo et de Cameros
Jimena
Mayor, probablement mariée à Guy II, comte de Mâcon
Sancha

Garcia IV eut en outre deux enfants naturels :
Sanche de Uncastillo, sire d’Uncastillo et Sangüesa, père de Ramiro II de Monzon et grand-père de García V de Navarre dit Le Restaurateur
Mencia de Navarre, elle épousa Lope de Calohorra

Garcia IV de Navarre périt assassiné en 1054, son fils Sanche IV de Navarre lui succéda.

Nous pardonnerons à notre Grand Maître, le Contes Girond Flandres cette légère erreur puisque Gracié peut également correspondre à Garcia et qu’il était difficile de s’y retrouver avec tous ces chiffres… et le fait qu’à cette époque les Rois de Navarre étaient également suzerains d’autres royaumes et que de ce fait ils avaient plusieurs titres, noms et numéros associés…

Quoiqu’il en soit il s’agit bien de ce Garcia IV dit le Grand, qui régna sur la Navarre de 1035 à 1054 et qui constitua sur ses terres l’Ordre de Notre Dame du Lys. Son fils et héritier Sanche IV étant lui-même cité plus loin par le Comtes Girond Flandres comme le roi de Navarre qui intégra l’Ordre de Notre Dame du Lys à celui de l’Ordre du Chêne.

Dans son historique des ordres de Chevalerie, publié en l’année 1854,  Henri Gourdon de Genouillac relate l’histoire de l’Ordre de Notre Dame du Lys, en se trompant également sur son fondateur puisqu’il cite Don Garcia VI et la date de 1048.  A noter que Garcia V n’est né qu’en 1150 et que Garcia VI n’a jamais existé… mais accordons à cet historien la simple erreur d’inversion entre VI et IV et retenons son approche de l’histoire relative à la création de l’Ordre de Notre Dame du Lys.

Garcie IV successeur de Garcie III dit  » le Trembleur », eut  beaucoup de peine à défendre son royaume contre les maures et contre ses 3 frères qui cherchaient une situation.

On se demande où il trouvait le temps d’être malade. Mais si l’on en croit une tradition espagnole, l’origine de cet ordre est due aux faits suivants : Don Garcia IV, roi de Navarre, se trouvant dangereusement malade, crut avoir retrouvé la santé à l’apparition d’une image de la très sainte Vierge, sortant d’un Lys et tenant son fils bien-aimé entre les bras : en reconnaissance de ce miracle, il institua en l’année 1050 (l’auteur cite 1048), l’Ordre de Notre Dame du Lys et s’en déclara grand Maître. Il ordonna que cette dignité soit attachée à la personne des rois de Navarre, ses successeurs.

Il trouva du coup assez de force pour aller massacrer ses frères.. Ceci se passait en 1048, six ans plus tard, l’ordre et le roi mouraient dans une bataille dynastique.

Les chevaliers suivaient la règle de Saint Benoit et s’acquirent, par leurs belles actions une certaine célébrité. Cet ordre subsista un certain laps de temps et finit par disparaître. (il semblerait d’après cet auteur, que plus tard en Aragon, Ferdinand de Castille dit le Juste, en 1410 repris l’Ordre à son compte et le transforma en Ordre de la Jarra, Jara ou du Vase de la Vierge

Honoré (de Sainte-Marie, père Carme) est un peu plus prolixe dans sa dissertations historiques et critiques sur la chevalerie ancienne et moderne qu’il rédigea en 1718 ;

« Garcias, Roi de Navarre IV (au moins il ne se trompe pas sur le chiffre), du nom, furnommé Nagera, parce qu’il avoit été nourri dans cette Ville, inftitua l’Ordre de Nôtre Dame du Lis, à l’exemple de Robert, Roi de France, qui avoit érigé l’Ordre de l’Etoile, en l’honeur de la Sainte Vierge. Dans le sens que Garcias étoit malade à l’extrémité, une Image miraculeufe de cette Sainte Mère de Dieu fut trouvée dans un Lis à Nagera. Le Roi ayant recouvré la fanté dans le même tems, il attribua fa guerifon à la Sainte Vierge. Pour marquer fa reconnoifface pour ce bienfait, il fonda l’an 1048, l’Ordre Militaire de Saint Marie du Lis. Le Roi s’en declara Grand-Maître, & fes fucceffeurs. Les Chevaliers étoient au nombre de 38. S’engageoient par un vœux folemnel d’expofer leurs biens & leurs vies pour le bien de l’Etat, & pour combattre les Maures. Prefque tous les Auteurs qui ont traité des Ordres Militaires, font mention de celui-ci, comme Favin, Juftiniani, Tamburin, Andreas Mendo, Micheli, Hermant, et plufieurs autres.

Le collier des Chevaliers étoit fait de Chaîne entrelaffées de plufieurs MM. Gottiques, d’où pendoit dans une ovale clechée un Lis d’Or émaillé de blanc, fortant d’une terraffe de finople, & furmonté d’une grand M. couronnée.

Les Chevaliers étoient obligez de recevoir les Sacremens certains jours de l’année, & de dire tous les cinq fois le Chappelet, compofé de cinq Dixaines, & quelques autres Prières. »

Collier de l’Ordre de Notre Dame du Lys.

AN 1061


1061 : L’Ordre de Notre-Dame du Lys est absorbé par l’Ordre du Chêne, selon la volonté du Roi Sanche IV.

 

Nous ne reviendrons pas sur L’Ordre du Lys, que nous venons de détailler dans sa création par le Roi de Navarre Garcia IV, mais plutôt sur le fils et héritier de Garcia IV : le Roi Sanche IV de Navarre.

Il prit l’appellation de Sanche IV en suite logique du nom porté par son Grand Père Sanche III Roi de Navarre.

Sanche IV de Navarre, dit « Le Noble », né en 1039, mort assassiné le 4 juin 1076. Sanche IV régna sur la Navarre de 1054 à 1076.
Fils de García IV de Navarre et d’Étiennette de Bigorre.
Sanche IV de Navarre épousa Placendia.

De cette union naquirent :
Garcia de Navarre
Garcia de Navarre

Il fut assassiné en 1076.

Il convient de ne pas confondre ce Sanche IV avec le Sanche IV qui régna au XVème siècle sur le Léon et la Castille, et qui rédigea une lettre du 2 janvier 1295,  à notre illustre aïeul  Alonso Perez de Guzman en l’an 1295 sur sa défense héroïque de Tarifa. Nous reviendrons sans doute sur cet acte d’abnégation dont fit preuve Don Alonso Perez de Guzman en 1294, abnégation sublime du valeureux chevalier de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal qui laissa égorger son fils sous ses yeux plutôt que de rendre la ville et de trahir sa foi.

Sanche IV de Navarre dit le Noble sera Roi de navarre de 1054 à 1076, fils de Garcia IV de Navarre et d’Etiennette de Bigorre, il est proclamé Roi à l’âge de 15 ans sur le champ de bataille d’Atapuerca. Sa mère Etiennette de Bigorre, assurera la régence jusqu’à sa mort en 1058. En 1068 Sanche IV épouse une noble franque Placencia ou Placienda. Il meurt assassiné (par son frère, à priori) en 1076.

En 1076, Sanche Ramirez, frère de Sanche IV, s’empara du Royaume de Navarre qu’il réunit à l’Aragon, sans égard pour les droits des enfants de Sanche IV et au préjudice de ses cousins. C’est à partir de cette période que la couronne de Navarre et celle d’Aragon furent réunies telles que nous les retrouverons ensuite en 1094 sous le Roi Pierre 1er et en 1104 sous le Roi Alphonse 1er qui institua notre Ordre.

Sur Etiennette de Bigorre : Étiennette de Foix († 1066) est une reine de Navarre par son mariage en 1038.
Elle était généralement considérée comme fille de Bernard-Roger Ier de Carcassonne, comte de Foix et de Gersende, comtesse de Bigorre.
Elle épouse en 1038 García IV de Navarre (v. 1005 † 1054), roi de Navarre.

Sa filiation en tant que fille de Bernard-Roger de Carcassonne, comte de Foix et de Gersende, comtesse de Bigorre est donnée pour la première fois par Pierre de Marca, qui précise que «  les mémoires du convent de Nagara établissent qu’elle était fille du comte de Foix », mais ne donne pas de référence précise. Salazar y Acha a suggéré un premier mariage avec un noble catalan et dont elle aurait eu une fille du nom de Constance, ce qui expliquerait sa présence à Barcelone quand elle épouse le roi Garcia, ainsi qu’une précision d’une charte du 29 novembre 1074 du roi Sanche IV de Navarre dans lequel il mentionne sa sœur Constance, inconnue des enfants de Garcia IV et qui n’est pas mentionné dans le testament rédigé par ce dernier en 1066.

Christian Settipani la mentionne également mais la place comme fille de Raymond Borrell (972 † 1017), comte de Barcelone, et d’Ermesinde de Carcassonne, la sœur de Bernard-Roger de Carcassonne. Il l’identifie à la première épouse du normand Roger de Tosny, dit le Mangeur de Maure, qui exilé de Normandie par le duc Richard II, rejoint la cour de Barcelone, épouse la fille de la comtesse Ermesinde et combat les Maures avec efficacité. Mais cette identification pose quelques problèmes. Quand Roger de Tosny peur revenir en Normandie, il épouse une Godehilde et meurt en 1040. Godehilde ne peut pas être la princesse barcelonaise. Cela suppose une annulation du mariage, chose encore possible à l’époque, mais le roi de Navarre aurait-il épousé une femme déjà mariée ? En fait, il semble que cette filiation catalonaise soit issue d’une erreur de Fernandez de Bethencourt, qu’il a rectifiée par la suite, mais qui a été reprise par Maurice Chaume, puis par Christian Settipani.

Il n’est pas étonnant pour finir sur ce passage que Sanche IV est intégré l’Ordre de Notre Dame des Lys à celui du Chêne, étant par sa succession détenteur des deux Grandes Maîtrises, et se trouvant d’un côté avec un Ordre militaire puissant et de l’autre un Ordre militaire, certes fort, mais limité au nombre de 38 chevaliers…, dans l’esprit de structuration dont feront également preuve ses successeurs jusqu’à la mise en place de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal, il nous paraît normal que cette Ordre comme de nombreuses Confréries et milices fut intégré à l’Ordre du Chêne. La date donnée par le Comtes Girond Flandres en 1061 sous la régence de sa Mère laisse supposer de l’influence déjà importante des Francs dans l’organisation des Milices et Confraternités du royaume de Navarre et après de sa réunion avec celui d’Aragon.

Dès le départ, nous voyons bien que toute cette période de la Reconquista et des premières milices militaires qui s’y constituent sont étroitement liés avec les comtés de Carcassone, de Foix, de Bigorre, de Béarn, etc… que nous retrouverons quasi omniprésent à la constitution de notre Noble Institution.

AN 1063


1063 : Reprise de la Construction du Château de Loarre sous la protection de l’Ordre du Chêne.

Le Château de Loarre est une forteresse de Loarre, Espagne. Le complexe a été construit en grande partie au cours des 11e et 12e siècles, et sa position sur la frontière entre les terres chrétiennes et musulmanes lui ont donné une importance stratégique. Le premier des deux gros programmes de construction a commencé en 1020, lorsque Sancho el Mayor (r. 1063-1094) reconquiert les terres environnantes par les musulmans. Au moins trois tours, dont deux survivent, la « tour Hommage »  (Torre del Homenaje) et la « Tour de la Reine » (Torre de la Reina), ainsi que d’une chapelle dédiée à Sainte Marie de Valverde et les murs fortifiés d’enceintes sont attribuées à cette campagne. La tour Del Homenaje a été construite sur  une position isolée en face des fortifications, à laquelle elle était reliée par un pont en bois. Elle contenait un sous-sol et cinq étages.  La Torre de la Reina, comprenant un sous-sol et trois étages, est particulièrement remarquable pour les trois séries de doubles-fenêtres cintrées, avec des colonnes de renflement exagérées, trapézoïdale qui ont été liées à la fois à l’architecture Lombarde et mozarabe. La chapelle est composée d’une nef unique avec une abside orientale couverte par une voûte en plein cintre. Le toit en bois d’origine de la nef a été remplacé par une voûte à la fin du 11ème siècle.

Après 1070, Loarre est devenu plus importante. En 1073, le roi Sancho y installe, sous la protection de chevaliers de l’Ordre du Chaîne une commanderie ainsi qu’une communauté de chanoines augustins, et c’est à partir de Loarre qu’il entreprend sa campagne pour la conquête de Huesca en 1094. En 1097, cependant, son successeur, Pierre Ier d’Aragon et de Navarre, fait don de tous les biens de Loarre à un nouveau monastère royal de Monte aragon (nous intervenons plus loin sur le monastère de Monté Aragon et de la mise en place d’une commanderie de Monte Aragon).

Château de Loarre.

La localisation du château sur un éperon rocheux ne rendait pas possible la construction d’une structure unifiée, et comme beaucoup de châteaux de cette région la particularité de Loarre est d’être un ensemble de bâtiments délimités par des murs d’enceintes. A l’origine le plan interne comprend deux tours et une chapelle derrière les murs d’enceintes. Vers la fin du 11e siècle une chapelle supplémentaire a été construite en style roman juste à l’extérieur des murs du château. Les murs du château ultrapériphériques et leurs huit tours ont été érigées dans le 13ème ou 14ème siècle. L’église et le château ont été l’objet de nombreuses restaurations, dont une importante en 1913 et les suivantes, en particulier durant les années 1970, ont abouti à la reconstruction de murs et de tours qui étaient tombés en désuétude.

AN 1067


1067 : Le 4 novembre, assassinat du Roi Sanche IV. Le Vicomte de Béarn, parent du Roi, devient Grand Maître de l’Ordre du Chêne. Le Roi d’Aragon Sanche Ramirez ceint la couronne de Navarre. La Milice militaire de Monzon, créée en 1063, est absorbée par l’Ordre du Chêne. Cet Ordre n’abandonnera la place qu’en 1143, volontairement, pour permettre à l’Ordre du Temple de Salomon de prendre pied en Aragon.

Nous l’avons vu plus haut le 4 novembre 1067, le Roi Sanche IV est assassiné, probablement par son propre frère Sanche Ramire qui déjà Roi d’Aragon, ceint par cette occasion la couronne de Navarre.

En 1063, fut créée à l’instar des autres milices, la Milice de Monzon. Cette dernière sera tout logiquement également Absorbée par l’Ordre du Chêne. A la mort de Sanche IV, la Grande Maîtrise de l’Ordre du Chêne est transmise au Vicomte de Béarn qui était parent du Roi.

Essayons tout d’abord de revenir sur la Milice Militaire de Monzon.  Monzón est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Cinca Medio.

On peut situer cette période à La Croisade de Barbastro ; c’est une expédition prêchée par le pape Alexandre II pour prendre aux Maures la cité espagnole de Barbastro (dans l’actuelle Aragon). Une importante armée, composée de combattants venus de toute la chrétienté occidentale, participèrent au siège de la cité (1063). Cette guerre est un épisode de la Reconquista, mais le caractère international de son armée, ainsi que le soutien de la papauté en font un prélude aux Croisades.

Le pape Alexandre II fut le premier à prêcher la Reconquista en 1063, la présentant comme une urgence de la chrétienté. Elle fut également prêchée en Bourgogne, probablement avec le soutien de l’abbé Hugues de Cluny, frère de Thomas de Chalon qui mena un détachement. La volonté de participer à la croisade se propagea ailleurs qu’en France, selon le moine Aimé du Mont-Cassin, qui note que « grant chevalerie de Francoiz et de Borguegnons et d’autre gent » étaient présents au siège. De fait, une importante armée, composée principalement de Français et de Bourguignons, d’un contingent pontifical (avec quelques Normands), et une armée de combattants catalans et aragonais, étaient présent à Barbastro en 1063 quand le siège débuta.

Le chef du contingent papal était un Normand du nom de Guillaume de Montreuil ; celui des Espagnols Sanche Ramirez, roi d’Aragon, royaume fortement menacé au sud par les Maures. Le plus gros contingent, celui des Aquitains, était conduit par Guillaume VIII (ou Guy-Geoffroi), duc d’Aquitaine. Bien que la composition de l’armée soit encore sujet à controverse, la présence majoritaire de combattants d’origine franque est généralement acceptée.

Le duc d’Aquitaine conduisit son armée à travers les Pyrénées en passant par le Somport. Il fit la jonction avec l’armée catalane à Gérone au début de l’année 1064. L’armée complète prit Graus, qui avait d’abord résisté à deux assauts, puis marcha sur Barbastro, qui faisait alors partie du taïfa de Lérida (es), dirigé par al-Muzaffar. La cité, qui n’eut pas de secours depuis Lérida, et dont l’approvisionnement en eau avait été coupé, fut assiégée et rapidement prise. Les croisés pillèrent et saccagèrent la ville sans aucune pitié. On a dit que 50 000 musulmans furent tués.

Le butin des croisés fut considérable : les chroniques mentionnent la capture de nombreuses femmes musulmanes ainsi que nombres de trésors. La direction de la ville fut donnée en fief à Armengol III, comte d’Urgell.

Pour empêcher l’armée chrétienne de progresser, les musulmans pratiquèrent la tactique de la terre brûlée. Les troupes, chargées de butin et le duc Guy-Geoffroy, pressé de revenir en ses terres, en tirèrent prétexte pour faire demi-tour et l’expédition tourna court.

En 1065, les Maures contre-attaquèrent, reprirent la ville et massacrent la garnison, réduisant à néant le travail des croisés.

Thibauld, le chef des Bourguignons, mourut, probablement des suites de ses blessures, pendant son retour en France après la reprise de la ville en 1065.

Volontairement grossi par les Clunisiens, la prise de Barbastro eut un retentissement énorme dans la chrétienté. Auparavant, les chevaliers qui venaient combattre les Maures en Espagne le faisaient à titre individuel et se plaçaient sous l’autorité d’un roi ou prince local. C’est la première fois qu’une armée franchit les Pyrénées dans ce but. Cette expédition est de ce fait considérée comme un prélude aux Croisades, qui débutent une trentaine d’années plus tard.

On trouvera parmi les participants Francs : Ebles II de Montdidier († mai 1103), qui fut comte de Roucy de 1063 à 1104, il était fils d’Hildouin IV de Montdidier, comte de Roucy et seigneur de Ramerupt et d’Alix de Roucy.

Il partit en Espagne pour combattre les Sarrasins durant ce qu’on appelle la croisade de Barbastro (1064), puis aida Sanche Ramirez, roi d’Aragon, à faire la conquête du royaume de Navarre (1076). A cette seconde expédition participait aussi son neveu Rotrou III du Perche.  Après la victoire Sanche épousa Félicie de Roucy, la sœur d’Ebles.

Un autre fait important à citer sur Monzon nous amène à parler du CID :

Banco SantanderRodrigo Díaz de Vivar, Ruy Díaz, plusconnu sous le nom d’El Cid Campeador, est né à Vivar, près de Burgos, en 1043 (année 435 de l’hégire). Il meurt à Valence le 10 juillet 1099. Parmi tous les héros que l’Espagne produit au moyen âge, il n’en est qu’un seul qui acquiert une réputation vraiment européenne: c’est Rodrigue, le Cid. Les poètes de tous les temps vont le chanter. Le plus ancien monument de la poésie castillane porte son nom. Plus de cent cinquante romances célèbrent ses amours et ses combats. Guillen de Castro, Diamante, d’autres encore, l’ont choisi pour le héros de leurs drames. Tout le monde le connaît : en France, par la tragédie de Corneille, en Allemagne, par la traduction que Herder donne du Romancero. Plusieurs films, dont celui d’Anthony Mann (1961) avec Charlton Heston et Sophia Loren lui sont consacrés. Ce héros de la Reconquista est devenu la Jeanne d’Arc des Franquistes, mais aussi des républicains et de l’Espagne de Juan Carlos.

Mais depuis bien longtemps les historiens de l’Espagne et de l’Europe entière se demandent si le Cid des cantares, des romances, des drames, est bien le Cid de l’histoire ou une création magnifique des poètes de la péninsule. Essayons de retrouver, à travers des études sérieuses basées sur des sources primaires et pas sur des légendes, ce qu’a été la vraie vie du Cid Campeador, de Rodrigo Díaz de Vivar, alférez du roi Sancho II de Castille en 1066 et seigneur indépendant de Valence de 1094 à 1099. Un héros de la Reconquista élevé par des parents qui ont adopté en partie le mode de vie des Maures. Ses qualités font de cet homme de guerre le symbole de la chevalerie, de la vertu, mais aussi de la tolérance. En effet, ce chevalier victime de l’ingratitude d’un roi chrétien n’hésite pas à servir des princes musulmans, gagnant ainsi son surnom de Cid (de l’arabe sidi, = seigneur). Comme l’écrivent Michel Kaplan, Patrick Boucheron, Christophe Picard, dans Le Moyen Âge, XIe- XVe siècle, Rodrigo Díaz de Vivar  symbolise l’état d’esprit particulier des habitants de la frontière nord d’al-Andalus souvent transfuges de part et d’autres. Mais en prenant Valence et en  résistant aux attaques des Almoravides, il devient de Campeador (= champion, au sens médiéval) du roi de Castille Campeador de l’Espagne qui lutte contre ses envahisseurs. Mais cette Espagne n’est pas que celle des chrétiens, c’est celle aussi des musulmans espagnols civilisés luttant contre les barbares venus d’Afrique. De nombreux Maures combattent à ses côtés et sont ses vassaux. Car, sur le terrain, le Cid Campeador va créer une grande principauté à l’est de l’Espagne où règne la plus grande liberté religieuse. Et puis, Rodrigo Díaz de Vivar n’est pas que le symbole de la Reconquista, il l’est aussi de la fidélité vassalique qui interdit de porter les armes contre un suzerain même injuste [2]. Sa principauté n’est pas vraiment un royaume indépendant, il la conquiert et la défend au nom du roi Alfonso VI de Castille et León. Toutefois, lui et ses proches, la famille cidienne, l’aristocratie chevaleresque, représente une perspective d’ascension sociale pour tous bâtards, les cadets et les puînés des familles nobles que les royaumes chrétiens essaient d’écarter du pouvoir.

Les historiens maures le désignent que par le surnom de Cambitor (= guerrier illustre), et quelquefois lui donne le titre de roi, mais le sobriquet de Taghi (= tyran, usurpateur) revient souvent. Quoiqu’ils ne disent pas quel est son  lieu de résidence habituelle, on ne peut douter que ce ne soit Teruel, ville voisine de Sainte-Marie de Ben-Racin (aujourd’hui Albaracin), dont l’émir ou wali  est intimement lié avec Rodrigue.

VALENCE, JIMENA ET LA LEGENDE

COMBATS CONTRE LES CHRETIENS  (1089-1092)

Le Cid Campeador apparaît comme le modèle de la fidélité vassalique, car il s’interdit de porter les armes contre un suzerain injuste. En 1089, Rodrigo Díaz décide de mener à bien son projet de création d’une principauté au Levant, mais dans un but personnel, même s’il dit encore, mais de plus en plus rarement, agir pour le compte du roi Alphonse VI. Ces contrées semblent peuplées uniquement de musulmans et de juifs. Les communautés mozarabes ont disparu, du fait de l’absence totale de clergé. Les rares textes nous parlant de chrétiens concernent aux XIe et XIIe siècles les militaires venus avec Rodrigo ou quelques ecclésiastiques ou marchands les accompagnants. Néanmoins le Cid va trouver des alliés parmi ces populations et leurs princes du fait de leur hostilité à l’islam rigoriste et aux Almoravides qui veulent l’imposer par la force.

En 1090, Vivar,  avec une armée de maures et de Chrétiens, saccage  la taifa de Denia et fait le siège de Murviedro (= Sagunto). A cette époque, il fustige sans cesse le roi Al-Qádir de Valence, qui ne lui paye plus ses tributs. Le roi de Lérida demande de l’aide pour le combattre au comte de Barcelone, Berenguer Raymond II. Rodrigo le bat et le fait même prisonnier à Tévar, en mai 1090. Il demande au comte une énorme rançon et le libère. Après cette victoire, Berenguer Raymond II s’est engagé à abandonner ses intérêts au Levant. Comme conséquence de ses victoires, notre héros devient l’homme le plus puissant du Levant (est de la péninsule, entre l’Andalousie et la Catalogne).

En 1092, il reconstruit le château-fort de Peña Cadiella (= La Carbonera, sierra de Benicadell, entre Valence et Alicante), mais le roi Alphonse VI regrettant d’avoir perdu son influence sur Valence, encercle la principauté de Rodrigo Diaz de Vivar. Pour mener à bien ses projets, il s’allie avec Sancho Ramírez de Aragón, Berenguer Raymond II et obtient l’appui naval de Pise et de Gênes. Le roi d’Aragon, le comte de Barcelone et la flotte pisane et génoise attaquent la Taifa de Tortosa (à l’embouchure de l’Ebre), qui est un protectorat du Cid et lui paie les parias. Durant l’été 1092, les alliés attaquent Valence. Alphonse VI est arrivé pour sa part plus tard par terre à Valence pour aider ses alliés. Cependant, l’offensive est repoussée par Rodrigo Diaz de Vivar et Alphonse VI doit abandonner la région de Valence. Rodrigo va à Saragosse, taifa qui ne lui verse pas de parias et s’allie avec Áhmad Al-Mustaín II, le quatrième roi (1085-1110) de la dynastie des Banu Hud. Ensemble, ils ravagent La Rioja.

JIHAD CONTRE VALENCE (1092-1099)

Désormais, aucun prince chrétien n’est capable d’attaquer Valence, et seuls les Almoravides, à l’époque au sommet de leur puissance militaire, vont s’y risquer. Rodrigo Diaz de Vivar  établit une sorte de  protectorat sur les taifas voisins (Tortosa, Alpuente, Albarracín, et d’autres villes fortifiées du Levant) et va conquérir vraiment Valence pour devenir un seigneur de la guerre ne rendant hommage à aucun roi ou comte chrétien [5]. Il est au contraire presque le seigneur des petits royaumes musulmans du nord-ouest et du centre-ouest de la péninsule. Le roi Al-Qadir n’a plus guère de pouvoirs sur la ville de Valence.

En octobre 1092, Rodrigo est à Saragosse avec le gros de son armée. Dans la ville il ne peut compter que sur quelques-uns de ses lieutenants qui surveillent les vivres emmagasinées par leur seigneur ou perçoivent les impôts. Des musulmans se réunissent chez le cadi Ibn Gahhaf et décident de demander de l’aide au gouverneur almoravide de Murcie. Celui-ci leur envoie une troupe commandée par Ibn Nasr. Al-Qadir met les siens à l’abri, renforce la garde et avertit le Cid de la révolte naissante. A l’arrivée des cavaliers almoravides, la ville se soulève. Les soldats chrétiens et musulmans fidèles à Rodrigo sont sur les murailles. Mais une foule conduite par le cadi Ibn Gahhaf va accueillir ses libérateurs. Les partisans du Cid doivent fuir. Al-Qadir se cache, mais il est traqué et assassiné. Sa tête est promenée au bout d’une pique [6]. Ibn Gahhaf s’autoproclame Gouverneur et vit comme un grand monarque aimant le luxe.

Ayant appris la nouvelle, Rodrigo Diaz de Vivar  chevauche de Saragosse à Valence en novembre et assiège la forteresse de Cebolla, à proximité de la grande cité fortifiée. Il  prend Cebolla en 1093 et le château va lui servir de base pour prendre Valence. Pendant l’été 1093, le Cid Campeador encercle la ville et fait construire des tranchées. Le Cid fait inonder la huerta pour éloigner ses ennemis. Ses troupes tuent beaucoup de défenseurs. L’étau se resserre… Ibn Gahhaf chasse Ibn Nasr et ses hommes. Il ne peut empêcher une partie de la population de demander à nouveau de l’aide aux Almoravides et de leur envoyer de l’argent. Lui-même négocie avec le Cid et lui paie un tribut.

En septembre 1093, une importante armée almoravide essaie de secourir la ville assiégée. Elle avance du sud jusqu’à Almusafes, à vingt-trois kilomètres de Valence. Les Valenciens destituent leur gouverneur et s’apprêtent à attaquer les chrétiens, mais les Maures préfèrent  se replier. Le siège continue et finalement la ville  doit capituler le 15 juin 1094.

Le vainqueur dit agir au nom du roi Alfonso, mais il se fait désormais appeler Prince Rodrigo. Devenu un prince, il s’allie au fils de son ancien ennemi, le roi d’Aragon Pierre Ier. Cette alliance lui permet de ne pas avoir d’ennemi à combattre au nord et les Aragonais prennent Huesca, et  la forteresse de Serra et d’Olocau (dans la région de Valence) en 1095. Dans la ville de Valence, les musulmans sont fonctionnaires ou soldats. Et les taifas alliées sont toujours gouvernées par leurs princes maures.

Néanmoins les Almoravides déclenchent la Jihad (jihad par l’épée = guerres contre des non musulmans ou des musulmans ne respectant pas, paraît-il, l’enseignement du Coran) contre Rodrigo Diaz de Vivar. Des milliers de fantassins et de cavaliers débarquent d’Afrique. Renforcés par des troupes andalouses et des volontaires, ils viennent en octobre 1094, sous la conduite d’Abu Abdalá, prendre Cuart de Poblet, à cinq kilomètres de Valence. Un nouveau siège de Valence commence. Une partie de la population de la ville se voit participer au massacre de la garnison. Le Cid demande de l’aide à Alphonse VI. Mais il apprend que certains soldats ennemis désertent. Malgré sa nette infériorité numérique, il décide d’attaquer. Il demande à une partie de ses cavaliers de se positionner derrière le camp des Almoravides. Les sentinelles ne les repèrent pas car elles ne s’attendent vraiment pas à une attaque. Et au matin, le Prince Rodrigo sort de Valence, attaque les musulmans, puis fait semblant de fuir. Une partie des ennemis court ou galope pour attaquer le Cid dans le plus grand désordre pensant qu’ils vont prendre facilement Valence. C’est à ce moment que le premier groupe de chevaliers chrétiens sort de sa cachette, fonce sur le camp ennemi, en massacre beaucoup et fait fuir le reste [6]. Une armée almoravide est détruite, laissant aux vainqueurs un immense butin. Les généraux vaincus ont beaucoup de mal à expliquer à Yusuf ibn Tasufin que cette défaite est la volonté d’Allah.

Rodrigo gouverne Valence avec un pouvoir souverain et une apparente douceur. Il laisse un musulman perfide, Ibn Gahhaf, exercer tranquillement ses fonctions de cadhi-al-codhah (= suprême cadi). Mais au bout d’un an révolu, en mai 1095, il le fait arrêter. Après avoir vainement employé tour à tour les prières, les promesses, les menaces, les caresses et les tourments, pour le contraindre à livrer les trésors du roi Al-Qadir, Rodrigo Diaz de Vivar ordonne qu’un bûcher soit dressé sur la place publique de Valence, et qu’on y brûle le cadi avec toute sa famille. Cédant néanmoins aux instances unanimes de tous les spectateurs de cette déplorable scène, il pardonne aux innocents. Il fait alors creuser une fosse sur le même lieu, on y enterre, sur son ordre, le cadi jusqu’à la ceinture. On environne de bois le reste de son corps, et on le laisse brûler à petit feu. Ibn Gahhaf, avant d’expirer, prononce au milieu des flammes la profession de foi musulmane. Ce supplice épouvantable indispose ceux des citoyens de la ville qui le soutenaient encore.

Au début de l’année 1097, un nouveau raid almoravide sous la conduite de Muhammad ibn Tasufin essaie de reprendre Valence. Mais près de Gandía les Maures sont battus  par le Prince Rodrigo, aidé par des troupes du roi  Pierre Ier d’Aragon lors de la bataille de Bairén. Après avoir été bien incertaine, la victoire se traduit par une fuite des armées musulmanes [5]. Yusuf ibn Tasufin est fou de rage. Une poignée de guerriers chrétiens s’oppose à lui.

Comme le Maghrib est pacifié, il décide de mener lui-même la Jihad en al-Andalus. Il traverse en juin/juillet le Détroit. Il se dirige sur la Castille. Rodrigo doit envoyer son fils unique, Diego Rodríguez, lutter au côté d’Alphonse VI contre les Almoravides. Lors de la bataille de Consuegra, le 15 août 1097, les chrétiens sont battus et son fils est tué [7]. Yusuf ne prend pas Tolède, où s’est réfugié le roi Alphonse VI, certainement car il ne pense qu’à prendre Valence.

À la fin de 1097, Rodrigo Diaz de Vivar prend Almenara et en 1098  le puissant château-fort  de Sagunto. Ces deux forteresses lui permettent de renforcer à la fois son pouvoir, mais également les défenses de sa principauté. Sa fille Marie se marie en 1098 avec l’infant Pierre de Navarre [8], mais il meurt à l’âge de 10 ans. Elle se remarie à la fin de l’année avec Raymond Berenguer III [9]. Elle n’a que 13 ans, mais ce genre de mariages consolide les alliances. A cette époque, Rodrigo transforme la grande mosquée de Valence en cathédrale.

Mais son cousin germain, Alvar Fañez est battu par les troupes du fils de Yusuf, gouverneur de Murcie. Même une partie armée du Prince Rodrigo est presque anéantie. Ces défaites, l’arrivée des rescapés à Valence et la mort de son fils démoralisent le Cid. Le Prince Rodrigo décède le 9 ou 10 juillet 1099 de fièvres. Cette date coïncide avec la prise de Jérusalem par les croisés de Godefroy de Bouillon. Le Cid Campeador offre son épée Tizona à son neveu et compagnon de luttes Pierre. Doña Jimena, qui est comme le rappelle Michel del Castillo une forte femme, va défendre la ville, avec l’aide de son futur gendre Raymond Berenguer III, jusqu’en en mai 1102. Régulièrement, des troupes almoravides débarquent dans la péninsule. Ne pouvant défendre la ville contre un ennemi nettement supérieur en nombre, Jimena préfère la brûler que la lui livrer. C’est le roi Alphonse VI, qui permet aux proches de Rodrigo Diaz de Vivar de quitter Valence libres.

Les restes du Cid Campeador sont inhumés dans le monastère San Pedro de Cardeña, à Burgos. Durant les guerres de l’Empire, des soudards français profanent sa tombe. Ses restes sont récupérés en 1842 et inhumés cette fois ci dans la Casa Consistorial de Burgos. Depuis 1921, Rodrigo et son épouse Doña Jimena reposent dans un emplacement privilégié de la cathédrale de Burgos.

Alphonse VI le Vaillant lui donne en mariage sa cousine proche doña Jimena, le 19 juillet 1074.

Les Corónicas Navarras nous disent que este meo Çid épouse  dona Xemena, nieta rey del don Alfonsso, filla del conte don Diago de Asturias . S’il est vrai que Jimena est la fille de Diego Fernández de Asturias (1010-1045), elle n’est pas, en revanche, la nièce du roi côté paternel. Son grand-père, Fernando Flaínez est l’un des magnats de Léon les plus puissants de son temps. Il a été un gouverneur de la région du Douro, comte de Salamanca et de la ville du Léon, mais il n’est pas roi ou père de roi. Par contre, le taux de consanguinité est très important. Elle est une Flainez.

Certes la mère de Jimena, née en 1037, Cristina Fernández de Gundemares, est petite-fille de roi, mais elle n’est pas la sœur d’Alphonse VI. Son père, Fernan Gondemariz, est comte des Asturies. Jimena n’est pas non plus la petite-nièce d’Alphonse VI. Par contre, elle est la petite-nièce d’une autre Jimena, fille naturelle d’Alphonse V de León qui est la grand-mère maternelle de Rodrigo.

Ce mariage est donc consanguin et nécessite certainement une dispense du pape. Alphonse VI (1039-1109), lui, est le petit-fils de sainte Sancha de León (1016-1064) qui est aussi la grande-tante de Jimena.  Donc, la mère de Jimena est la cousine germaine d’Alphonse VI. Les jeunes mariés Rodric Diaz et uxor mea Scemena donnent des terres à l’abbaye de Silos par une charte datée du 12 mai 1076 [12].

Jimena passe la première partie de son mariage en compagnie de ses enfants, de Maria, Cristina et Diego, dans le Convento de San Pedro de Cardeña. Plus tard, elle va à Valence, avec son mari. Son fils Diego meurt à l’âge de 19 ans, en combattant les Maures. Puis c’est le tour de son mari. Le 21 mai 1101, dans un acte, Jimena nous informe qu’elle défend Valence. Un autre acte nous parle d’elle en octobre de la même année et sa défense de la ville assiégée par l’Emir  Al-Munemin-Yusuf. Jimena reçoit l’ordre d’abandonner Valence de son cousin Alphonse VI. Les Corónicas Navarras nous disent que cela a lieu en avril-mai 1102.  Elle termine des jours au Convento de San Pedro de Cardeña. Les Anales Toledanos donnent comme date de son décès 1106.  Mais un document découvert récemment nous montre qu’en 1113 elle vend des terres. L’acte est écrit au Convento de San Pedro de Cardeña. Il est daté. Elle est morte après cette date et certainement dans cette abbaye.

Les filles du Cid. Il existe une légende (Cantar de mio Cid) totalement infondée qui parle de leurs mariages avec deux seigneurs, les frères Carrion, qui les maltraitent. Les filles du Cid se marient avec des grands seigneurs et sont les ancêtres entre autres de la plupart des princes de ce monde.

Historia del Arte (ancienne édition)Rodrigo Díaz de Vivar, est né au sein d’une famille de la haute noblesse, comme sa femme Jimena. Ils ont un fils et deux filles et les marient dans des familles princières :

Cristina Rodríguez Díaz de Vivar (1077-1119), leur fille aînée, se marie avec Ramiro Sánchez de Navarra (ca1070-1116) après 1099. Il est seigneur de Monzon et le petit-fils du roi Garcia IV de Navarre (1020-1054). Ramiro part à la croisade et participe activement à la prise de Jérusalem. En revenant en Navarre, il crée un ordre de chevalerie : La Divisa. En 1110, il décide de finir ses jours au Convento de San Pedro de Cardeña. Ils ont quatre enfants, dont García V de Navarre (1105-1150), roi de Navarre.

Leur fils, Diego RodríguezDíaz de Vivar (1078-1097), est  tué jeune à la bataille de Consuegra, le 15 août 1097.

María Rodríguez Díaz de Vivar (1085-1106), leur fille cadette, se marie avec Pierre d’Aragon (1087-1098), un fils de Pierre d’Aragon et de Navarre, l’allié de ses parents, et d’Inés d’Aquitaine. Il meurt à l’âge de 10 ans. Elle se remarie en 1098  avec un autre allié de ses parents, Raimond-Bérenger III de Barcelone (1082-1031). Il est comte de Barcelone, de Girona, d’Ausona et de Cerdagne, futur duc de Provence, donc roi d’un royaume transpyrénéen. Maria Roderic (pour les Catalans) meurt jeune et ne lui laisse que deux filles. María, qui se marie avec Bernat III, comte de Besalú et Jimena, qui épouse Roger III, comte de Foix.

Les filles du Cid Campeador ont une très nombreuse descendance, dont Juan Carlos et Sofia qui règnent de nos jours en Espagne.

Mais revenons à Monzon, commanderie de l’Ordre du Chêne par absorptions en 1067, il nous est précisé qu’en 1143, ce lieu sera abandonné volontairement (à cette période il s’agit de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal) par nous au profit de l’Ordre du Temple.

Castillo de Monzon

Cette forteresse a été bâtie durant le Xème siècle par la dynastie des Houdides, elle sera prise en 1063 par Sancho Ramirez (qui instituera à ce fait d’arme, la milice de Monzon). Devenue en 1167 commanderie de l’Ordre du Chêne, puis sous le Règne d’Alphonse le batailleur, commanderie de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal. Ce château aurait pu ou dû subir  le sort de tous les biens d’Aragon puisqu’à sa mort en 1134, Alphonse Ier, roi d’Aragon, sans héritier, donne la totalité de son royaume aux ordres militaires du Saint-Sépulcre, de l’Hôpital et du Temple. Bien heureusement pour nous et le devenir de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal et n’en déplaise à de nombreux historien qui continuent à croire que cet acte de donation d’Alphonse le Batailleur fut appliqué… Cet acte contesté par ses héritiers ne fut jamais mis en œuvre. Après neuf années de négociation avec la papauté et la noblesse aragonnaise, un accord fut conclu en 1143. L’ordre du Temple reçoit alors de nombreuses forteresses avec avantages fiscaux et fonciers, dont le château de Monzón. Cet accord, entre le Temple, le Pape et les successeurs d’Alphonse 1er, roi d’Aragon permis effectivement au Temple de prendre pieds en 1143 en Aragon et non avant cette date. Il faut préciser que cette prise de possession par le Temple est issue d’un accord et d’un acte volontaire de l’Aragon et que l’Ordre du Saint Sauveur, à de nombreuses reprises, à collaborer ensuite avec les Templier de l’Ordre du Temple.

En mars 1150, une bulle du pape Eugène III confirme ces dons. Monzon devient le siège de l’ordre en Aragon et le centre d’un territoire de vingt-neuf villages chrétiens dotés d’églises.

Les templiers de Monzón pratiquaient l’élevage. L’ordre possédait d’importants troupeaux totalisant environ mille bêtes.

En 1303, le roi d’Aragon confie la garde des joyaux de la couronne aux templiers de Monzón. À la suite de l’arrestation des Templiers en France, en octobre 1307, les templiers espagnols sont eux aussi poursuivis par les gardes du roi d’Aragon. Les templiers de Monzón se réfugient dans leur forteresse qu’ils parviennent à garder jusqu’en mai 1309. Ils sont à leur tour arrêtés.

Pour terminer cet aparté sur Monzon, qui au fil du temps a été « Milice de Monzon », « Commanderie de l’Ordre du Chêne », « Commanderie du Saint Sauveur de Monréal », « Commanderie de l’Ordre du Temple » et même pour ce dernier, siège magistral de l’Ordre du Temple en Aragon : il convient de préciser que malgré tous les efforts des passionnés de l’Histoire du Temple et de son Ordre de Chevalerie… l’Ordre du Temple n’a eu qu’une présence minime en péninsule ibérique et qu’un rôle minime dans la Reconquista. Les relations entre les différents Ordre de Chevalerie, l’importance de l’Ordre du Temple en Orient et en Occident rendirent logique sa représentation en Aragon et sur les terres ibériques, l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal entretenait d’ailleurs d’excellentes relations avec le Temple et de nombreux Templier de tout rang, vinrent nous rejoindre lors de la fin du Temple. Mais s’il fallait ne citer qu’un exemple du fait de « représentation » et non de « présence » du Temple en Espagne, je préciserais que sur les 118 Castillos répertoriés sur la seule province de Teruel par exemple : seul 17 sont donnés comme commanderie Templière de l’Ordre du Temple. Soit 10 %, sachant qu’il est en plus très fréquent qu’une commanderie, un château, un castillo, une église fortifiée, etc… soit attribué sans recherche et sans ménagement à l’Ordre du Temple alors qu’aucune charte, documents… ne la mentionne comme telle. Mais c’est tellement plus simple et plus facile pour un historien de classifier toutes demeures comme ayant appartenue au plus célèbre des ordres militaires de l’époque ! Nous citerons par exemple et sans aucun complexe la classification de la commanderie de Cressac comme étant Templière alors que l’étude de ses fresques nous montre sans réserve qu’elle était une commanderie liée à l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal.

Certains historiens précisent qu’Alphonse le Batailleur aurait reçu de manière cachée sa sépulture à Monzon après sa mort et la défaite de la bataille de Fraga. Nous verrons plus loin que d’autres historiens précisent qu’il serait mort à Saint Jean de la Pena.

AN 1084


1084 : Création par le Chevalier Bernard guillaume de l’Ordre du Chêne de la Milice de Castro.

La Puebla de Castro est une commune espagnole appartenant à la province de Huesca (Aragon, Espagne) dans  la comarque de la Ribagorce.

Pour comprendre l’histoire de la Milice de Castro, il faut déjà effectuer ses recherches sur le terme de la ville telle qu’il existe aujourd’hui, à savoir Puebla de Castro. Et surtout se pencher sur les alentours directs de la ville de Puebla de Castro, c’est-à-dire : Graus.

Dans le sillage de l’Islam, Graus a été reconquise par les chrétiens en 1083 par Sancho Ramirez à la bataille de Graus (sachant que  en 1064, Ramiro I trouva la mort lors du siège de Graus).

C’est donc toute l’importance portée à cette bataille de Graus et à la reconquête par Sancho Ramirez de diverses villes de cette province de Huesca où de nombreuses batailles furent livrées.

La création d’une Milice propre à la ville de Castro par un Chevalier de l’Ordre du Chêne témoigne d’une part de la participation active des chevaliers de l’Ordre du Chêne à la reconquête de ces territoires et d’autre part de l’importance pour Sancho Ramirez de la prise de Graus et de ses alentours où périt en son temps Ramiro I, son père.

Ramire Ier d’Aragon (Vers 1000 – 1063), fut le premier roi d’Aragon. Il est le fils illégitime du roi Sanche III de Navarre.

Fils de Sanche de Grand, roi de Pampelune et d’une jeune fille Sancha de Aibar ou Aybar, de la noblesse des terres d’Aibar. Son origine illégitime est connue grâce à une histoire disant que Ramiro est le seul des fils de Sanche qui aide sa femme (incluant les fils de cette dernière). Satisfaite, elle l’adopte comme son propre fils.

À la suite de la mort de Sanche le Grand, son fils aîné légitime, Garcia IV de Navarre (García de Nájera), hérite du trône et gouvernera sur tout le territoire paternel. Son frère Ramiro, le considérant moins âgé et se proclama « baiulus » sur les terres qu’il avait reçues de son père pour vivre des rentes en Aragon dans la province de Huesca (Espagne). Très rapidement ils s’affronteront dans la bataille de Tafalla et Ramiro deviendra la souche d’une nouvelle dynastie dans le nouveau royaume d’Aragon. Gonzalo, régissant les rentes royales de Sobrarbe et de Ribagorce, transférera ses droits à son frère Ramiro.

Dans un document authentique le monarque aragonais s’intitule comme Ramiro, fils du roi Sanche, sans utiliser le titre de roi.

En dehors du mariage et avant celui-ci, il eut un fils naturel avec Doña Amuña qu’ils appellent Sanche Ramirez (pareil à son frère le roi) qui sera comte de Ribagorce.

Ramire Ier d’Aragon.

Il se mariera deux fois:

Avec Gisberga (fille du comte Bernard Roger de Foix) le 22 août 1036. Elle changera de nom lors de son baptême pour devenir Ermesinda. De cette union naitront:
Sanche Ier d’Aragon (Sanche V de Navarre, Sancho Ramirez)
L’évêque Garcia de Jaca
La comtesse Sancha mariée avec Armengol III, comte d’Urgel
Urraca, qui fut religieuse à Santa Cruz de la Seros
Teresa

Avec Inés d’Aquitaine, date de mariage inconnue et sans descendance connue.

En 1035, il hérite d’une petite vallée de la rivière Aragón dans le nord-ouest de la province moderne de Huesca. Après le décès de son frère Gonzalo en 1038, il incorpore les comtés de Sobrarbe et de Ribagorce. Il meurt au cours du siège de Graus, le 8 mai 1063.

Sur son fils et héritier de la couronne d’Aragon, nous avons déjà eu l’occasion d’en parler plus haut, notamment sur la Milice de Monzon.

Sanche Ier Ramirez ou Sancho Ramírez de Aragón (vers 1042 – après le 4 juin 1094), règne sur l’Aragon à compter de 1063 et sur la Navarre (sous le nom de Sancho V) de 1076 jusqu’à sa mort à Huesca, en 1094. Il est le fils et successeur de Ramire Ier d’Aragon et de Gilbergue de Carcassonne.

Dès son avènement, il commande un contingent espagnol (principalement des Catalans et des Aragonais) pour participer à la croisade de Barbastro. En 1067 et 1068, il est impliqué dans la guerre des trois Sanchos, avec ses cousins Sanche IV de Navarre et Sanche II de Castille. Sanche d’Aragon apporte son aide à son cousin de Navarre, mais les deux cousins sont défaits par le roi de Castille à Bureba, Alta Rioja et à Álava.

Sanche d’Aragon est élu roi de Navarre en 1076 à la suite du meurtre de Sanche IV de Navarre par des membres de sa propre famille. Le meurtre provoque une crise de succession. Sanche d’Aragon bat Sanche II de Castille et réunit la Navarre à l’Aragon. Le jeune fils de Sanche, García, est reconnu roi de León et de Castille, où il vit en exil.

Il reconstruit le monastère de Saint Jean de la Peña, nécropole des rois d’Aragon, et mène vigoureusement la Reconquista.

La prise de Monzon par Sancho Ramirez ayant entraîné la constitution de la Milice de Monzon que nous récupèrerons sous Alphonse le Batailleur et que nous remettrons comme vue plus haut à l’Ordre du Temple.

Sanche d’Aragon est mortellement blessé lors du siège de Huesca le 4 juin 1094 et meurt quelques jours après à Montéaragon.

Sancho Ramirez.

Sanche d’Aragon épousa en 1065 Isabelle d’Urgell, fille du comte Armengol III d’Urgell, dont il divorça en 1070.
De cette union naîtra :
Pierre Ier d’Aragon

Sanche d’Aragon épousa en 1076 Félicie de Montdidier-Roucy, fille d’Hildouin IV de Montdidier, comte de Ramerupt et de Roucy, et d’Alix de Roucy.
De cette union naîtront :
Fernando Sanchez d’Aragon (1078)

Alphonse Ier dit le Batailleur d’Aragon (1073-1134). Roi d’Aragon et de Navarre de 1104 à 1134.

Ramire II d’Aragon (vers 1094 – 1154), roi d’Aragon de 1135 à 1137.

Nous aurons bien évidement l’occasion de revenir plus longuement sur son fils Alphonse le Batailleur puisque c’est lui qui officialisera la constitution de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal. Ainsi que sur son deuxième fils, le Moine Ramire qui succéda tant bien que mal à son Frère en 1135.

AN 1085


1085 : Création d’une Milice de défense du Monastère de Saint Jean de Péna, par les soins de l’Ordre du Chêne.

Nous ne reviendrons pas sur les intervenants et sur Sancho Ramirez, mais nous aborderons simplement la ville de Saint Jean de la Péna. Qui procéda dans une logique déjà établie au fils des pages précédentes à la constitution d’une Milice de défense attribuée à l’Ordre du Chêne.

Saint Jean de La Pena, et son monastère semble en effet avoir suivie le cheminement de notre Ordre, d’après certains historiens, ce serait même là que notre fondateur Alphonse le Batailleur serait mort. Suite à la défaite sévère qu’il subit au siège de Fraga après avoir pris Mequineza, il fut en effet attaqué le 17 juillet 1134 par une nombreuse armée Mahométane qui battit complètement les Aragonais. Deux évêques, une infinité de Chevaliers de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal, nottament des Français, mais également des aragonais, catalans et navarrais, restèrent sur le champ de bataille avec une grande partie de l’armée. Alphonse, suivi de dix chevaliers de l’Ordre du Saint Sauveur et de blessé, réussit à s’enfuir et se réfugia au monastère de Saint Jean de la Pena, où quelque temps après il mourut de douleur.

Certains historien, voulant sans doute établir le fait que ce grand Roi n’avait pas pris la fuite, modifièrent cette scène en précisant que voyant la bataille perdue, le Roi Alphonse le Batailleur s’est jeté au cœur de la bataille pour mourir héroïquement avec ses chevaliers.

J’ai longtemps cherché une « bataille », un « fait d’arme », « etc. », associé à la ville de Saint Jean de la Pena et pouvant justifier de la création d’une milice comme cela se faisait au début de la Reconquista. En vain, aucun livre, aucune rubrique ne fait mention d’un fait d’arme sur cette ville comme si cette ville avait été abandonnée par les forces en présence suite à la croisade victorieuse entreprise par Sancho Ramirez, et ce fut sans doute le cas puisque nous avons d’autres exemples de soumissions de villes devant l’avancée des Rois de Navarre et d’Aragon sans qu’aucun combat ne fut que l’installation d’une Milice de défense, non pas nouvelle, mais par les soins de l’Ordre du Chêne puis plus tard sous les auspices de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal ne résultait pas d’un fait d’arme mais d’un dessein d’avenir propre à Sancho Ramirez.

Suite à ses premières victoires sur la cavalerie musulmane qui fut battue dispersée sur la Cinca et sur l’Ara et qui abandonna la forte position d’Ainsa qui formait la porte des deux vallées, les chrétiens enivrés d’un premier succès élevèrent Ximénes  de la dignité de comte à celle de Roi en le promenant sur le pavois autour de la ville conquise d’Ainsa.

L’histoire de cette région remonte au début du neuvième siècle sous le règne de Sancho III l’Aîné et après les escapades de Almalik, le fils d’Almanzor qui avait détruit les enclaves chrétiens de ce territoire, se consolide la frontière avec les musulmans par le renforcement ou la construction de fortifications comme Boltaña, Buil , Monclús et Aínsa. En 1017, Sancho III l’Aîné de Navarre récupère le territoire en offrant ensuite le Sobrarbe et la Ribagorza à son fils Gonzalo, qui règne seulement 10 ans, jusqu’à 1044. Après sa mort, ce territoire passe à son frère, Ramiro I, roi d’Aragón. Ramiro I chasse les musulmans dans tout le sud de Sobrarbe: Surta, Olsón, Mediano, Samitier, Abizanda, Pano y Clamosa.

Cette lignée de fait  imposait de nouveaux devoirs à Sancho : il redoubla d’efforts, s’étendit peu à peu jusqu’à Sanguesa, sur l’Aragon, reprit Pampelune…

Dans ce que l’on a appelé la Croisade de Sobrarbe , l’histoire n’offre, dès ce moment, qu’une glorieuse série de combats d’embuscades contre les soldats de l’Islam, pendant lesquels de nombreux succès firent oublier de léger revers. Il fallait célébrer ces victoires en les rapportant à Dieu. La construction de l’église de Saint Jean de la Pena, d’Uruel ou de Martes, dans le val d’Aragon, servit de trophée.

Un monastère ne tarda pas à rendre cet établissement chrétien de Saint Jean de la Pena plus digne de l’asile que l’évêque de Pampelune y avait cherché, après la prise de cette ville par les Mores : le siège épiscopal resta fixé dans cette solitude, voisine des glaciers, jusqu’à la reprise de Pampelune, et le Roi en fit aussi le centre de Sobrarbe en bâtissant un Château fort près du monastère, et en désignant l’église de la Pena pour la sépulture de sa dynastie.

Ce rétablissement officiel du christianisme dans les Pyrénées vasconnes venait de marquer indéniablement un tournant.

Il était donc normal, que l’importance prise par Saint Jean de la Pena devenant d’un coup : siège épiscopal et demeure éternelle de la dynastie des Rois de Navarre et d’Aragon fisse l’objet de la mise en place d’une milice de défense. Il était tout aussi normal que Sancho Ximénès en confia la garde à l’Ordre du Chêne et plus tard à l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal.

AN 1093


1093 : Création d’une milice de protection au monastère de Mont Aragon, par cinq Chevaliers de l’Ordre du Chêne.

Le Château de Montearagón (en aragonais: Mont Aragón; en catalan: Montaragó; en espagnol: Montearagón; en latin: Montis Aragonis) se trouve dans la commune de Quicena, dans la province de Huesca (Espagne). Stratégiquement construit pour aider à la reconquête de la cité de Huesca sur les musulmans, le château fut fondé en 1085 par Sanche Ier d’Aragon.

Une fois rempli son objectif, il devint l’un des monastères les plus riches et puissants durant le Moyen Âge. Y ont reposé les restes mortels de Sancho Ramírez de Aragón et d’Alphonse Ier le Batailleur avant qu’ils ne soient transférés respectivement au Monastère de Saint Jean de la Peña et au monastère de San Pedro el Viejo à Huesca. Sur dernier point nous resterons quelque peu sceptiques, et insisterons volontiers sur l’aspect provisoire du repos des restes mortels de Sancho Ramirez et d’Alphonse le Batailleur. En effet de nombreuses archives semblent montrer pour Alphonse le Batailleur qu’il fut entreposé à Monzon et non à Mont Aragon (les deux noms étant proche tant en prononciation qu’en écriture) ou qu’il mourut (de douleurs) au monastère de la Péna. Quant à Sancho Ramirez, la volonté établie de déclarer le Monastère de Saint Jean de la Pena comme sépulture royale de la dynastie nous laisse penser que si ses restes furent réellement entreposés à Mont Aragon, cela ne pouvait être que provisoirement.

Le transfert des tombes et le déclin progressif du château-monastère sont survenus après le désamortissement qui amena le délabrement de l’édifice (voir notre remarque plus haut sur les motifs qui nous paraissent plus légitimes quant au transfert des tombes). Aujourd’hui, cependant, on peut voir sa silhouette depuis une grande partie de la comarque. Le château continue d’être un mirador privilégié pour toute la Hoya de Huesca, de la sierra de Guara et de l’imposant Salto de Roldán, tout cela avec comme toile de fond les Pyrénées.

Le désamortissement ne laissa aucune place à la conservation des objets et archives présentent dans ce château, seuls semblent avoir été sauvé du pillage, de la destruction et même de la mise au feu… un retable et un Seggel (Cachet officiel où sont gravées en creux la figure, les armoiries, la devise d’un roi, d’un prince, d’un état, d’un corps, d’une communauté, d’un seigneur, etc. et dont on fait des empreintes avec de la cire).

Seggel de Monte Aragon.

L’étude de ce Sceau est intéressante puisqu’il fait apparaître une croix ancrée et qu’il appartenait à Ferran d’Aragó.

Ferrran d’Arago (Ferdinand d’Aragon) (-? , 1248), troisième fils du roi Alphonse II d’Aragon, fut abbé de Monte Aragon. Plus enclins à la vie laïque qu’à la vie religieuse, il a participé à plusieurs campagnes militaires. Après la mort de son frère le roi Pierre d’Aragon II à la bataille de Muret, il aspire à devenir le roi du royaume d’Aragon en opposition à Jacques Ier d’Aragon.

Il était le troisième fils du roi Alphonse II d’Aragon et de Sancha de Castella et de Pologne. Ainsi c’était le frère du roi Pierre II d’Aragon.

En l’an 1201, il entre au monastère de Poblet. En 1205, il a été nommé abbé de Monte Aragon qui nous vous le rappelons était sous la garde des Chevaliers de l’Ordre du Chêne, et a immédiatement commencé un différend avec l’évêque de Huesca pour défendre les privilèges du monastère de Monte Aragon. Le conflit s’est terminé avec l’intervention de son frère, le roi Pierre II d’Aragon, qui a donné un privilège à l’abbaye du Mont-Aragon. Nous estimons que la présence des Chevaliers de l’Ordre du Chêne ne fut pas étrangère d’une part au fait que l’infant Ferran fut plus enclin à la vie militaire qu’à celle monastique et qu’il entreprit d’autre part son combat contre l’évêque de Huesca dans le but de préserver les privilèges accordés à nos Chevaliers sur Monte Aragon.

Il participa à la bataille de Las Navas de Tolosa sous le  commandant de l’host du comte Rosello.

A la mort de son frère le roi Pierre d’Aragon II à la bataille de Muret il entrera en litige avec le procureur général (gouverneur) de la Couronne d’Aragon contre son oncle Sanche d’Aragon. Il  aspire alors à être le roi du royaume d’Aragon en se fondant sur la nullité du mariage entre son frère Pierre II d’Aragon et de Marie de Montpellier, ce qui rendrait illégitime la succession de Jacques Ier d’Aragon pour devenir roi.

Il ne parviendra pas à ses fins,  mais conservera le contrôle de l’Abbaye de Monte Aragon avec le titre «servus, rectus ». Il dirigera la seconde révolte des nobles contre Jacques Ier d’Aragon.

Après le Concorde d’Alcala en 1227 qui a consolidés le règne de Jacques Ier, il se mettra au service du roi et participera aux diverses campagnes entreprises par Jacques 1er d’Aragon. Ainsi, nous le retrouvons  au siège de Burriana, à la conquête de Valence, et en 1244 au  siège de Xativa.

Il est décédé le 1er Juillet 1248 et a été enterré dans la crypte de l’abbaye de Monte Aragon.

Sa tombe est surmontée d’une figure en albâtre le représentant en tant Infant Ferdinand d’Aragon et en tant qu’abbé de Monte Aragon. Dans les années 1844, les restes du prince Ferdinand d’Aragon ont été transférés à l’église de San Vicente d’Huesca réel, sa dépouille mortelle fut, plus tard, déménagée à San Bartolomé chapelle du cloître de San Pedro el Viejo. Le sarcophage ayant lui été laissé à l’abbaye du Mont Aragon, mais il aura été totalement détruit par les anarchistes en 1936.

On trouve comme abbé de Mont Aragon de nombreux enfants de Roi tout au long de la dynastie des Rois d’Aragon. Cette abbaye semble avoir jouée durant de nombreuses années un rôle important avec une présence permanente des Chevaliers de l’Ordre du Chêne au départ, puis, logiquement de celles des Chevaliers de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal.

Il est probable, tout du moins nous pouvons imaginer, que notre Ordre ait, à la mort de Pierre II d’Aragon, pris le parti de l’infant Ferran à l’encontre de Jacques 1er d’Aragon qui était fortement contesté au sein de la noblesse. Voyant cette tentative échouer, nos chevaliers, fidèles à leurs traditions de respect et d’obéissance aux Rois d’Aragon, sont tout comme  l’Infant rentrés dans le rang et ont soutenus Jacques 1er d’Aragon.

La présence d’une forte commanderie de notre Ordre aux côtés de l’Infant Férran a certainement amenée ce dernier à préférer les armes que l’habit. Et n’oublions pas qu’il fut un temps seulement certes, prétendant au Royaume d’Aragon.

AN 1104


1104 : Création, par Pierre Ier, de la Milice de Murillo de Callégo, cette fraternité sera absorbée en 1128 par l’Ordre du Saint Sauveur. Mort de Pierre Ier. Avènement d’Alphonse Ier.

À partir du 4 juin 1094, il devient roi d’Aragon et de Navarre, après avoir été comte de Sobrarbe et Ribagorce depuis 1085. Le règne de Pierre Ier correspond à l’expansion du territoire aragonais dans ses parties centrales et orientales, atteignant la Sierra de Alcubierre et les Monegros.

Il conquiert Huesca en 1096, après avoir mis en déroute Ahmad II al-Musta`in de la taïfa de Saragosse à la bataille d’Alcoraz. Il lutte au côté du Cid à la bataille de Bairén (1097) lorsque les Almoravides attaquent le royaume de Valence. Plus tard, il prend les villes de Barbastro (1101) et de Sariñena, et tente s’emparer de Saragosse. Il assiège Tamarite de Litera (1104). D’une manière générale, il raffermit la suprématie militaire des troupes chrétiennes sur celles des musulmans.

Il institue le for des infançons, qui détermine les droits et obligations de ces militaires de la basse noblesse.
Il meurt le 28 septembre 1104, dans le Val d’Aran.

Pierre 1er d’Aragon.

Marié en premières noces avec Inés d’Aquitaine, à Jaca, en 1086, il a deux enfants qui meurent avant leur père :
Pierre d’Aragon, marié à María Rodríguez, fille du Cid, († 1104).
Inés d’Aragon, († 1103).

Il convole en secondes noces le 16 août 1097 à Huesca avec Berta, mariage sans descendance : son frère Alphonse le Batailleur lui succède à sa mort en 1104.

Nul ne doute que dans les règlements qu’il institua aus Infançons, il y eut des passages concernant l’Ordre du Chêne et ses Chevaliers. Le for des Infançons permettait de préciser le rôle et les prérogatives de ces soldats qui intervenaient dans la croisade. A l’encontre des Ricombres du Royaumes dont les prérogatives étaient déjà établies. Il convenait à un moment où l’Ordre du Chêne prenait une importance réelle de déterminer ces prérogatives. Ils obtinrent ainsi le droit d’entrée dans les Etats du royaume, le droit de présence à la cour du roi. Au premier signal du monarque, ils devaient prendre les armes et se ranger sous les drapeaux, ayant chacun dans son havresac du pain pour trois jours. Le Roi était obligé de les défrayer les trois jours suivant, et « sequentes », aux dépens du trésor national ou des caisses de l’ennemi, tant que durait la campagne. Les Ricombres avaient eu à titre précaire, les revenus de quelques terres enlevées aux Maure. Le premier Ricombre vascon, de nomination royale, semble avoir été un écuyer de la Navarre Cis-Pyrénéenne, appelé Irigo Lan ou Larrea. Il fut élevé à cette dignité par le roi Garcie Ericko, Arista 1er vers l’année 754. Les Ricombres conduisaient à la guerre les Cavers ou écuyers de Navarre (Zalduuak), dont la vaillance est passée en proverbe dans toute l’Espagne. Les marques distinctives de leur dignité consistaient dans une enseigne et dans un chaudron, marmite ou gamelle, emblème du devoir qui était imposé au Ricombre de faire subsister ses écuyers aux dépens de l’ennemi. Il n’y a jamais eu en Navarre plus de douze Ricombres à la fois, et ce grade militaire était à vie, personnel, et nullement transmissible à titre d’héritage. Charles II pour exemple ne nomma que trois Ricombres durant son règne.

Ce petit aparté sur les Ricombres et le For des Infançons à son importance, si un Chevalier de notre Ordre, Français, fut nommé Ricombre, il est évident que tous ne pouvaient recevoir ce titre et qu’il convenait de déterminer une réglementation vis-à-vis de ces Chevaliers qui prenaient une importance de plus en plus grande au côté du Roi et de délimiter leurs droits.

N’oublions pas que se dessine déjà le futur Ordre du Saint Sauveur de Monréal qui sera institué sous le Royaume suivant à celui-ci, pensons, comme nous venons de le déterminer sur les pages précédentes que l’Ordre du Chêne vient d’absorber la quasi-totalité des Milices, Confréries, … et que sa puissance sous l’égide du Roi nécessite une réglementation face à ses Ricombres qui représentent la Noblesse et qui n’hésiteront pas, à plusieurs reprises, de contester son autorité.

Je me permets même de penser, si il en avait eu le temps et si la mort n’était pas venue le chercher en 1104, que Pierre 1er avait déjà en tête le destin futur de notre Ordre de Chevalerie et qu’il suivait comme le confirmera son frère Alphonse le Batailleur un dessein précis d’Ordre de Chevalerie, fédérée, portant allégeance au Royaume d’Aragon et de Navarre sur lequel pendant de nombreuses années les Suzerains allaient asseoir leur Royaume. (certes celui-ci aurait sans doute alors, garder son nom d’Ordre du Chêne).

C’est pour cela, que l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal, souvent présenté comme le premier Ordre Templier ayant été constitué, ne peut se comparer à aucun autre Ordre de Chevalerie de l’époque. Car son histoire remonte beaucoup plus loin que cette période de croisade et s’associe à la dynastie des premiers Rois d’Aragon.