Escenas de la Reconquista por las Ordenes Militares. Monasterio de Ucles, Cuenca, España

Voici donc la mention associée à cette peinture que l’on trouve au monastère d’Ucles en Espagne

La traduction donnerait : Scène de la Reconquista par les Ordres Militaires, Cuenca, Espagne

La période de la Reconquista ibérique s’étalant de l’an 718 au 2 janvier 1492 quand Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille, les « Rois catholiques » (Los Reyes Católicos), chassent le dernier souverain musulman de la péninsule, Boabdil de Grenade, achevant l’unification de l’essentiel de l’actuelle Espagne — excepté la Navarre qui ne sera incorporée qu’en 1512, il est donc pas facile de dater avec précision la scène représentée.

Deux ordres militaires d’Espagne semblent être présents au côté du Roi lors de cette bataille : Celui de Saint Jacques de l’Epée et celui de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal.

Le titre espagnole précise bien d’ailleurs Reconquista par LES Ordres Militaires…

La présence de notre ordre ne nous aide pas beaucoup pour situer la scène avec précision puisque nous étions présent en Espagne de 1122 à 1492, par contre celle de Saint Jacques de l’Epée nous permet de réduire l’espace d’une cinquantaine d’années,  cet ordre n’ayant été constitué qu’en 1171 le douze février.

Voici un peu l’histoire de l’Ordre de Saint Jacques de l’Epée ou plus couramment nommé Ordre de Santiago :

 

Historique : A l’origine, cet ordre se composait de Galiciens qui, vers 1160, se préoccupaient de l’hébergement des pèlerins sur la route menant à Compostelle. Les uns étaient des chanoines du monastère de Santa Maria de Loyo, en Galice, près de Portomarín, les autres formaient une confrérie d’une douzaine de laïcs.

 

Le 1er août 1170, Ferdinand II de León et de Galice (1137-roi 1157-1188), confie la protection de Cáceres, en Estremadura, tout juste reprise aux musulmans, à Pedro Fernàndez, (premier maître de l’ordre – 1170-1184), et à ses douze frères d’arme qui l’ont aidé à prendre la ville. Désireux de fonder un ordre de chevalerie sur le modèle de ceux créés en Terre Sainte, Pedro Fernàndez conclut en mai 1170, en présence du roi et des archevêques de Tolède et de Saint-Jacques-de-Compostelle, un accord avec le prieur du monastère de Santa Maria de Loyo.

Soumise à l’autorité spirituelle des augustiniens de Loyo, la congrégation prend le nom « des Frères de Cáceres », et assure la protection des hospices tenus par les chanoines sur la route du pèlerinage, comme ceux de Portomarìn ou de San Marcos de León (Espagne).

Au début de 1171, devant les menaces de l’armée musulmane, Ferdinand Il convoque à León le maître de la nouvelle milice pour préparer le regroupement de ses forces. À cette occasion, le 12 février 1171, l’archevêque de Compostelle, Pedro Gudesteiz, remet solennellement à Pedro Fernàndez la bannière d’étoffe rouge figurant en son centre le Fils du tonnerre, brandissant l’épée d’une main, tenant de l’autre la croix et les rênes de sa monture blanche. C’est désormais sous le nom de saint Jacques, patron et défenseur de l’Espagne chrétienne, que serviront les Frères de Caceres,  devenu Caballeros de la Espada, « Chevaliers de l’Épée » en souvenir de l’épée brandie par l’apôtre et constituant la «Milice du Christ et de saint Jacques» face aux soldats de Mahomet. Il se place ainsi sous le patronage de saint Jacques le matamore.

 

Note du Saint Sauveur de Monréal : Nous pouvons estimer avec certitude que lorsque Ferdinand II convoque à Leon le Maître de la nouvelle milice de Saint Jacques de l’Epée, il cherche à effectuer le regroupement de ses forces et de ce fait de l’ensemble des Ordres qui lui sont fidèles donc celui du Saint Sauveur de Monréal. Le personnage royal figurant sur le tableau serait dans ce cas Ferdinand II de Léon. Ce qui nous parait être le plus probable par rapport aux éléments en notre possession.        

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_II_de_Le%C3%B3n

Pour en finir avec Caceres qui fut à l’origine de la création de l’Ordre de Saint Jacques : le roi Alphonse IX de León, fils de Ferdinand  II de Léon, prendra définitivement  la citadelle aux almohades après plusieurs années de siège, le 23 avril 1229, jour de San Jorge (saint Georges), qui depuis lors est célébré dans la ville comme son saint patron. La ville est colonisée par des léonais et des castillans, qui constitueront des quartiers distincts et souvent en dispute au cours du Moyen-Âge.

<p>http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A1ceres_(Espagne)</p>

 

L’archevêque devint frère honoraire de l’Ordre, éleva son Maître à la dignité de chanoine honoraire de Saint-Jacques, et consacra les frères « vassaux et chevaliers de Saint Jacques l’Apôtre pour combattre sous sa bannière pour l’honneur de l’Église et la propagation de la Foi ». Il leur promit son appui : il les aiderait de ses conseils et leur fournirait armes, troupes et subsides. Pour leur part, les frères s’engageaient à défendre Albuquerque, possession de l’archevêché de Compostelle en Estrémadure.

Pedro Fernández donne rapidement à l’ordre une envergure internationale en acquérant des biens au Portugal, en Castille, en Aragon, en France, en Italie et en Terre Sainte. L’Ordre calque son organisation sur son implantation : sous l’autorité d’un maître, des grands commandeurs dirigent les cinq régions ou, royaumes de l’ordre : Léon, Castille, Aragon, Gascogne et Portugal (en 1290). Le « royaume » du Portugal se rend autonome en 1316.

Après avoir perdu leur siège de Caceres, reprise par les musulmans en 1173, et s’être brouillé avec Ferdinand II de León, les chevaliers décident de gagner la Castille, où Alphonse VIII le Noble (1155-roi 1158-1214), entouré du maître de l’ordre de Calatrava et du grand prieur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les accueille avec tous les honneurs. En janvier 1174, le monarque castillan leur remet la ville et la forteresse d’Uclés, jusqu’alors tenues par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

 

Reconnaissance de l’ordre par le pape : L’année suivante, Pedro Fernàndez se rend à Rome auprès du pape Alexandre III, (1105-pape 1159-1181), qui ratifie, le 5 juillet 1175, la bulle d’approbation de l’ordre religieux et militaire de Santiago. En 1176, quelques chevaliers revinrent dans le royaume de León et s’établirent dans le couvent San Marcos, sur un terrain situé près du pont sur la Bernesga, où existaient, depuis 1151, une église et un hôpital pour pèlerins. Ils fondèrent également l’hôpital de las Tiendas, à la frontière de Castille. Le nombre de chevaliers était alors de 400 et ils pouvaient rassembler plus de 1000 lances.

Les rois de Castille après la Bataille de Las Navas de Tolosa (1212), à laquelle les chevaliers ont participé, leur ont accordé des privilèges qui ont permis à l’ordre de repeupler des régions étendues d’Andalousie et de Murcie. Le château de Segura de la Sierra, reconquis par Alphonse VIII en 1214, leur est confié : ils y installent leur commanderie pour le royaume de Jaén. C’est de cette forteresse qu’ils mèneront leurs opérations militaires dans la région.

 

Note du Saint Sauveur de Monréal : la scène représentée sur le tableau serait-elle issue de la bataille de Las Navas de Tolosa de 1212 ? Dans tel cas le personnage royal y figurant serait Alphonse VIII ? Nous avons toutefois une préférence suite à nos recherches pour penser qu’il s’agit de Ferdinand II de Léon sur le tableau et non d’Alphonse VIII de Castille. Bien que Alphonse VIII apparaisse également sur la bataille de Cuenca et qu’il fût le neveu de Ferdinand II de Léon… c’est la proximité de ces deux personnages, à la même époque et faisant partie de la même famille (oncle et neveu), intervenant tous deux dans la reconquista de manière active et guerrière,  qui rend difficile avec certitude l’identification du Roi présent sur le tableau.

Au XVIe siècle, l’Ordre possédait une centaine de commanderies, dont trois étaient réservés aux Grands Commandants, autant de châteaux, une trentaine de couvents, 26 hôpitaux, 240 églises, 5 hôpitaux, 178 villes et villages, et 1 université à Salamanque.

Le 2 janvier 1492, jour de la reddition de l’émir Boabdil, la bannière de l’ordre flottera sur la plus haute tour de l’Alhambra à Grenade. (Muhammad XI, Grenade 1452- émir 1482-1492 – Fès 1528.)

Extrait de la règle : « Vous vivrez sans bien propres dans l’humilité et la concorde en obéissant à un maître, en suivant l’exemple des apôtres qui pour prêcher la foi chrétienne vendaient leur bien et ce qui restait, était considéré comme commun. Celui qui ne pourra être continent se mariera, gardera foi en son épouse et inversement. Et vous ne pourrez avoir qu’une épouse. Une fois admis dans l’ordre et faite la promesse d’obéissance nul ne peut retourner au siècle, ni à un autre ordre sans autorisation du maître. »

— Extrait de la confirmation de la règle de l’ordre par le pape Alexandre III en 1175. – Migne, Patrologie latine, t 200.

Ces actes pontificaux, rassemblés en Bullarium ont fixés tous les privilèges et exemptions de l’Ordre.

 

 L’organisation de l’ordre : En 1174 le roi Alphonse VIII de Castille leur cède Ucles, dans la Province de Cuenca, qui depuis a été considéré comme le siège de l’ordre ; le Grand Maître a habituellement résidé à Ucles, et les archives de l’ordre y ont été préservées jusqu’en 1869. Elles se trouvent actuellement à l' »Archivo Historico Nacional » de Madrid.

Une branche de l’ordre de Santiago groupe les clercs, sous la direction d’un Grand Prieur, suivant la règle des chanoines de Saint-Augustin, ils sont établis à Uclès. Les chanoines réguliers de l’ordre de Santiago (en français : de Saint Jacques de l’épée) y vivent de la dîme de tous les acquêts de l’ordre. Ils se chargent de la vie religieuse des chevaliers qui, tous, une fois l’an, doivent faire retraite à Uclès et y font élever leurs fils.

Ces chevaliers de Santiago, demeurés laïques, forment la seconde branche de l’ordre, sous la direction du Maître, laïque comme eux et élu par eux en chapitre général à San Marcos de Leòn. Les chevaliers prêtent vœu de pauvreté individuelle, d’obéissance au maître, et de fidélité conjugale. En cas de veuvage, d’isolement ou de pauvreté, les chevaliers et leurs femmes se retirent à Uclès.

En ayant opté pour la règle de saint Augustin au lieu de la règle cistercienne, ses membres n’avaient pas l’obligation de faire vœu de chasteté, et ont pu contracter mariage (certains des fondateurs étaient mariés). Le droit de se marier, que d’autres ordres militaires n’ont obtenu qu’à la fin du Moyen Age, leur a été accordé dès le début de l’ordre dans certaines conditions, telles que l’autorisation du roi, de l’engagement d’observer la continence pendant les fêtes de Noël, et le Carême, et sur certaines fêtes religieuses de l’année, ainsi que pendant la période de retraite faite à Uclés une fois par an. La douceur de cette règle a promu la diffusion rapide de l’ordre, qui a éclipsé les ordres plus anciens comme ceux de Calatrava et d’Alcantara.

 

Note du Saint Sauveur de Monréal : Il y a des similitudes troublantes entre les règles de notre ordre et celui de Saint Jacques de l’Epée. Très peu d’Ordre ont reçu dans leurs règles lors de leurs créations « le droit de se marier », « le fait de demeurer laïques », etc…  Il est fort probable que des Frères de l’Ordre du Saint Sauveur soient intervenus dans les débuts de l’Ordre de Saint Jacques de l’Epée, tant dans les conseils et sa structuration que dans l’appartenance des douze chevaliers qui accompagnaient le premier grand maître à la fondation de l’Ordre.

Les chevaliers transmettent leurs biens patrimoniaux à leurs fils, qui peuvent rester en dehors de l’ordre, mais ils donnent à l’ordre les terres gagnées dans la Reconquête.

Les commanderies, confiées à des chevaliers Commandeurs, sont édifiées sur ces nouveaux territoires chrétiens, et les dîmes de tous les revenus vont aux clercs d’Uclès.

Par-delà le Maître, le seul souverain de l’ordre est le pape, et l’ordre est propriétaire des terres conquises en Estrémadure et en Andalousie. Mais l’Ordre prête son concours au roi dans toutes les opérations militaires. Ainsi, le troisième Maître, Sancho Fernandez, meurt en 1195 de blessures reçues lors de la bataille d’Alarcos et le maître Pelayo Perez Correa (1242-1275) est le principal artisan de la prise de Séville en 1248.

 

Note du Saint Sauveur de Monréal : voici également deux pistes possibles de situation pour la scène représenté : la bataille d’Alarcos et la prise de Séville en 1248.

L’ordre protège les routes et les hospices du pèlerinage à Santiago, où les femmes des chevaliers trouvent à s’employer. Les Espagnols de toutes les couches sociales s’y affilient en confréries, aidant l’ordre de leurs deniers et de leurs soins. Enfin, des commanderies s’élèvent dans les terres offertes en Aragon, Catalogne, Valence et au Portugal.

Les Frères portaient l’habit blanc, chape et chaperon de même couleur marqué, sur le côté gauche de la poitrine, de la célèbre épée de satin rouge et d’une coquille, dans le même tissu, posée en abîme sur l’épée. Avec un bouclier d’or portant en croix une épée à poignée de lis.

 

 La dissolution de l’ordre religieux et militaire : L’ordre religieux et militaire fut dissous par les souverains d’Espagne, sans le même acharnement cependant que celui qu’eurent à subir les Templiers en 1307. Les monarques agirent avec un grand sens politique. À la mort de Don Alonso de Cardenas, quarantième grand maître de l’ordre, Isabelle Ier la Catholique (1451-1474-1504) faisant en sorte que son époux fût élu grand maître de l’ordre en 1493. Ce qui facilita sa fin programmée.

La nomination du Grand Maître était ainsi passée sous la tutelle royale. Dans le but de dissiper la méfiance des chevaliers lors du chapitre général de 1513, Ferdinand II le Catholique, roi d’Aragon (1452-roi 1479-1516), devenu régent de Castille (de 1504 à 1516), décida la reconstruction du monastère-hôpital de San Marcos de Leòn, et offrit la somme de 300 000 maravédis.

En 1501, le pape Alexandre VI (Rodrigue Borgia, né à Xativa, près de Valence – 1431-pape 1492- 1503) nomme Ferdinand II administrateur perpétuel des ordres militaires, qui seront désormais des ordres de soins, de polices et de récompenses de bons services.

En 1523, le pape Adrien VI (1522-1523) confirme le rattachement à la Couronne des ordres castillans. Il attribua à la couronne d’Espagne les grandes maîtrises perpétuelles des trois ordres :

  • de Saint-Jacques,
  • d’Alcantara
  • de Calatrava.

Note du Saint Sauveur de Monréal : à cette date précise de 1523, l’ordre du Saint Sauveur de Monréal à déjà obtenu sa « libéralité » et son « détachement » à la couronne… Abandonnant en échange de sa liberté la totalité de ses biens à la Couronne et recevant la permission de quitter l’Espagne et son siège de la province de Teruel pour gagner les Flandres Espagnoles et s’installer sur la périphérie de Lille. Ce qui fait que l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal ne compte pas parmi les Ordres attribuer à la couronne d’Espagne par Maîtrise perpétuelles. L’indépendance du Saint Sauveur de Monréal n’empêchant pas pour autant notre fidélité à la couronne dont nous retrouvons nombreuses traces et actes par la suite. On peut légitimement penser que les dessins de la Couronne de rattacher l’ensemble des Ordres sous sa tutelle complète – (Saint Jacques, Alcantara et Calavatra subissent en 1523 par l’entremise du Pape Adrien VI la mise en tutelle de leurs Ordres respectifs et l’attribution à la Couronne d’Espagne des Grandes Maîtrises perpétuelles de ces trois Ordres) –  ne furent pas étranger au départ de l’Ordre du Saint Sauveur de Monréal et à la négociation qu’il effectua dans les années 1490 pour obtenir et du Pape et de la Couronne sa libéralité.

 

En 1556, sous Charles Ier d’Espagne (1500-1516-1556) un conseil général des ordres les fait fusionner.

Enfin en 1592, le roi Philippe II (1527- règne 1556-1598) incorpore tous les ordres à la couronne.

Depuis cette époque, les rois d’Espagne ont conservé les titres et dignité de grand maître et administrateur de l’ordre qui est ainsi placé sous la protection de la couronne.

 

 

Sur la période de la Reconquista et plus précisément celle qui nous intéresse :

La Reconquista chrétienne :

L’évolution d’Al-Andalus dans le temps après l’effondrement du califat omeyyade de Cordoue au XIe siècle et son émiettement en une multitude de royaumes, les divisions au sein de l’espace musulman deviennent également importantes. De plus, ils ne purent que rarement compter sur un soutien du reste du monde musulman, au contraire des chrétiens à partir de 1064 qui bénéficiaient de réguliers renforts venus notamment de France. Ces derniers parvinrent de ce fait à rétablir au fil de victoires et de reconquêtes leur domination sur la péninsule.

Les chrétiens profitèrent de l’émiettement des forces musulmanes et des rivalités chroniques entre les princes musulmans pour travailler à la Reconquista. Déjà, le roi Ferdinand Ier, après avoir uni en 1037 le Léon et la Galice à la Castille, avait manifesté, par son refus d’annexer la Navarre (1054), sa volonté de concentrer ses efforts contre les musulmans. Par ses offensives heureuses, il avait réduit au rang de tributaires les rois de Séville, Badajoz, Tolède, Saragosse, et élargi ses frontières dans toutes les directions. En 1063, le pape Alexandre II décidait l’octroi d’une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans d’Espagne, et les chevaliers de France vinrent en nombre se joindre à leurs pairs d’outre mont. Ce fut au cours de luttes confuses qui opposèrent chrétiens aux Maures et à Taifa que la Reconquista gagnait du terrain.

L’Andalousie musulmane perd son indépendance à la fin du XIe siècle avec la conquête des Almoravides berbères, venus d’Afrique du Nord, qui donnent un coup d’arrêt à l’avance chrétienne à Sagrajas. C’est aussi la fin d’un âge d’or culturel : les Almoravides, Sahariens austères et rigides, favorisent plus les religieux que les poètes ou les philosophes.

L’affaiblissement du sultanat almoravide entraîne une seconde vague de l’islam berbère, celle des Almohades, qui en 1147 dominent le Maghreb et al-Andalus, après avoir infligé une défaite aux Castillans lors de la bataille d’Alarcos.

Conquête des Almohades. Mais ce contre-mouvement est annihilé au XIIIe siècle lorsque les royaumes chrétiens s’unissent et, soutenus par une nouvelle croisade, défont les musulmans à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212.

En 1179, les princes chrétiens se partagent les terres à conquérir au traité de Cazola; la Castille profite ainsi d’un accès à la mer Méditerranée par Carthagène, ce qui stoppe l’expansion aragonaise. À partir de cette bataille, les musulmans se retrouvent en position de faiblesse jusqu’en 1492.

La prise de Cordoue et de Séville par les Castillans est complétée par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise (Valence et Baléares) et portugaise (Algarve). Les musulmans ne dominent plus que dans le royaume abencérage de Grenade.

Dans les derniers temps d’al-Andalus, la Castille – unie définitivement au Royaume de León depuis 1230 – a suffisamment de forces militaires pour conquérir le royaume de Grenade, mais ses souverains préfèrent soumettre les taïfas à un tribut (paria). C’était avec le commerce des productions de Grenade le principal mode d’introduction de l’or africain dans l’Europe médiévale.

La chute de Grenade, dernier bastion musulman : Prise de Grenade.

Reddition du roi feudataire de Grenade Muhammad XII Abû Abd Allah dit Boabdil. Le royaume de Grenade, alors sous la forme de l’émirat de Grenade, avait été reconnu comme le vassal de la Castille depuis 1246 et ainsi devait lui payer un tribut. De temps en temps, éclataient des conflits à cause du refus de payer ; ce qui se terminait par un nouvel équilibre entre l’émirat maure et le royaume catholique. En 1483, Muhammad XII devient émir, dépossédant son propre père, événement qui déclencha les guerres de Grenade. Un nouvel accord avec la Castille, provoqua une rébellion dans la famille de l’émir et la région de Málaga se sépara de l’émirat. Málaga fut pris par la Castille et ses 15 000 habitants furent faits prisonniers ; ce qui effraya Muhammad.

 

Ce dernier, pressé par la population affamée et devant la suprématie des rois catholiques qui avaient même de l’artillerie, capitule le 2 janvier 1492 terminant ainsi onze ans d’hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. La présence des populations musulmanes prit fin en 1609, lorsqu’elles furent totalement expulsées d’Espagne par Philippe III.

 

 La religion, moteur de la Reconquista : Au haut Moyen Âge, la lutte contre les Maures fut assimilée à une croisade spécifique à la péninsule Ibérique, générale pour la chrétienté. Des ordres militaires comme ceux de Monréal, de saint Jacques, de Calatrava, d’Alcántara ou d’Aviz et même les Templiers furent fondés dans ce but ou y participèrent.

Les papes appelèrent en plusieurs occasions les chevaliers européens à la croisade dans la péninsule. La bataille de Las Navas de Tolosa (1212) vit la victoire d’une coalition d’Aragonais, de Français, de Navarrais, de Léonais, de Portugais, et des Castillans, ces derniers dirigeant les opérations sous les ordres de leur roi, Alphonse VIII.

Les chrétiens de langue castillane firent de saint Jacques le Majeur le saint patron de la Reconquista, sous le qualificatif de Santiago Matamoros (saint Jacques le Tueur-de-Maures). Il demeure aujourd’hui le saint patron de l’Espagne, bien que ce qualificatif soit né de son apparition guerrière, plus légendaire que miraculeuse, et que ce qui en relève soit contesté au sein même de l’Eglise. Les Catalans développèrent plutôt le culte de saint Georges (Sant Jordi), soldat romain qui, selon la légende, terrassa le dragon, avant d’être choisi comme saint patron de la Catalogne.

Ce qu’on appelle la dhimmitude, condition inférieure d’une partie de la population, est né de la séparation, par les Arabes musulmans, des membres d’une société (ici la société espagnole) en communautés étanches, du fait d’un système ségrégationniste propre à l’islam (la dhimma). Ce régime juridique puis l’application d’un régime voisin dans les royaumes chrétiens, pendant la Reconquista, ne permirent jamais un métissage total entre chrétiens, musulmans et juifs.

Dès 1449, donc avant la chute de Grenade (1492) et jusqu’au milieu du XVIe siècle, d’importantes institutions espagnoles, civiles ou ecclésiastiques, promulguèrent, chacune de leur côté, les décrets dits de la limpieza de sangre (« pureté du sang »). Mais l’objectif était d’ordre religieux et c’est l’appartenance réelle à une religion qui fut déterminante.

La monarchie ne s’opposa pas à ces décrets, sans chercher à les généraliser. En 1492, les « rois catholiques », voulant imposer la foi chrétienne à l’ensemble du royaume (tous les sujets devant observer la même loi), prononcèrent l’expulsion des juifs d’Espagne non convertis, provoquant également un exil. Les musulmans non convertis furent expulsés en 1502. Ne restèrent alors en Espagne que de nouveaux convertis appelés les Morisques. Après différentes péripéties, ceux-ci seront définitivement expulsés, un siècle plus tard, en 1609.

Les vastes territoires attribués aux ordres militaires et à la noblesse sont à l’origine des actuelles grandes propriétés d’Andalousie et d’Estrémadure.

 

 La société de la Reconquista : La Reconquista donna lieu à des phénomènes sociaux particuliers :

Les mozarabes sont les descendants des Wisigoths ou des Romains qui ne se convertirent pas à l’islam. Certains émigraient vers le nord lors de persécutions.

Les muladis sont les chrétiens convertis à l’islam lors de la conquête.

Les renégats sont des chrétiens qui se convertirent à l’islam, souvent par contrainte, et furent parfois utilisés pour se retourner contre leurs anciens compatriotes.

Les mudéjars sont les musulmans demeurant dans les terres reconquises par les chrétiens. Ils étaient surtout des paysans. Leur habitude architecturale donna lieu à un style fréquemment employé dans les églises que faisaient ériger leurs nouveaux seigneurs. Les descendants à partir de 1492 furent appelés moriscos.

Les séfarades sont au sens strict du terme les descendants des juifs émigrés d’Espagne suite au décret de l’Alhambra pris par Isabelle la Catholique.

Les marranes ou conversos sont les juifs convertis officiellement au catholicisme, qui continuaient à « judaïser » secrètement. Persécutés par l’Inquisition, ils émigrèrent petit à petit ou abandonnèrent complètement leur judaïsme, à l’exception de quelques-uns au Portugal.

Aujourd’hui sur la côte méditerranéenne les fêtes de moros y cristianos (« Maures et chrétiens ») reconstituent ce conflit au travers de parades colorées.

 

 Chronologie des dates dans lesquelles le tableau peut se situer :

  • 1170 : Création de l’ordre de Santiago.
  • 1177 : Alphonse VIII de Castille prend Cuenca.
  • 1179 : Traité de Cazola entre la Castille et l’Aragon.
  • 1180 : Alphonse VIII de Castille s’empare de Plasencia (Estrémadure).
  • 1195 : Victoire des troupes califales à la bataille d’Alarcos.
  • 16 juillet 1212 : La bataille de Las Navas de Tolosa est remportée par une coalition d’Aragonais, de Castillans, de Portugais, de Français et de Navarrais.
  • 1229 : Alphonse IX de León prend Cáceres.
  • 1229 : Jacques Ier d’Aragon conquiert les Baléares.
  • 1230 : Alphonse IX de León prend Badajoz et Mérida (Estrémadure). Il meurt peu de temps après, permettant à son fils, Ferdinand III de Castille, d’unir définitivement les deux royaumes.
  • 1231-1288 : Protectorat aragonais sur Minorque.
  • 1236 : Castillans et Léonais prennent Cordoue.
  • 1237 : Les Aragonais remportent la bataille du Puig de Cebolla.
  • 1238 : Conquête du royaume de Valence par Jacques Ier d’Aragon.
  • 1243 : Ferdinand III de Castille impose un protectorat au royaume de Murcie.
  • 1246 : Castillans et Léonais prennent Jaén.
  • 1248 : Castillans et Léonais prennent Séville.
  • 1248 : Soulèvement à Valence.
  • 1249 : Alphonse III de Portugal prend Faro, fin de la Reconquista au Portugal.
  • 1264 : Grande révolte mudéjar en Andalousie.
  • 1275 : Soulèvement à Valence.

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